Rien qu’à regarder la calligraphie illisible du nom du groupe et l’artwork bucolique il n’y a guère de doute possible sur le contenu musical du tout premier opus du groupe Dzjady. Il s’agit certainement d’un groupe de pagan black métal. Pourtant à écouter le début du premier titre cette certitude est mise à mal. Et il faut attendre plus d’une minute trente pour se voir réconforter dans son opinion. Dzjady est bien un groupe biélorusse de black métal. Mais à vrai dire, pas tout à fait comme les autres...
Quand on n'a pas trop l’habitude des musiques venant d’outre-Danube, autant dire que l’écoute d’un groupe comme Dzjady c’est la garantie d’un dépaysement auditif. Rien que le chant en langue biélorusse est une invitation au voyage dans des contrées encore peu explorées par nos esgourdes.
De plus, force est de reconnaître que le groupe a su se créer son propre univers musical. La musique toute simple, presque minimaliste, est sans grand rapport avec les canons du black métal. Avec un son alourdi et une guitare autrement plus grasse, la musique des Biélorusses aurait pu passer pour du black-doom.
Menée à cinq de tension maximum, les compositions, à de rares exceptions près, s’égrènent presque sans fioritures, lentement et sûrement jusqu’à la fin. Ceux qui voudraient des passages énergiques et speed, devront patienter jusqu’à la cinquième minute du titre "Krycy Svabody" ou écouter "Sator Arepo Tenet Opera Rodas".
Une des particularités de Dzjady est le contraste saisissant procuré par une alternance entre un chant guttural démoniaquement black et un chant clair presque parlé. L'autre contraste fort est celui entre l’ensemble du disque et le titre "Koler Vorana", ce dernier semblant comme sorti de nulle part, tombant comme un cheveu sur la soupe avec son air plutôt punk.
Dzjady présente de fait un disque original qui ne plaira pas forcément à tout le monde. Pour être tout à fait réaliste, on peut même dire qu’il ne convaincra pas grand monde. Pas du tout inaccessible, c’est plutôt le côté lancinant, minimaliste et le fait que certains titres donnent l’impression de s’étirer inutilement en longueur qui risquent de rebuter la plupart des potentiels auditeurs. Reste que pour d’autres, ce disque peut s’avérer assez étonnant et plaisant. Le genre de curiosité qu’on écoute de temps en temps.