Quatrième album studio pour ce groupe gallois décrit comme un des fleurons de la vague Emo, style musical qui a commencé à répandre sérieusement ses effluves au début du millénaire, « Memory and Humanity », le nouveau bébé de Funeral for a Friend, se présente donc à vous en cette fin d’année habillé de son aguicheuse pochette en images de synthèse.
Question Emo, je n’ai pas été convaincu, car tout bien considéré, je trouve, à l’écoute attentive de cette galette, que nous sommes plus ici en présence de Pop que d’Emo.
Or, aujourd’hui, alors que la Pop est visiblement à la mode, et que pléthore de groupes se réclament de cette mouvance, il faut sacrément s’y connaître en ingénierie mélodique pour sortir du lot et attirer l’auditoire. Dénicher le refrain qui fait virevolter l’âme est une quête du Graal incessante et beaucoup de combos, insuffisamment caressés par les muses qu’ils implorent, nous pondent des œuvres mièvres et insipides faute de nous offrir des opus pimpants et raffinés.
Ainsi, pour preuve, et c’est tout à fait regrettable car leur potentiel n’est plus à prouver, FFAF, comme on les appelle dans le milieu, ne fait pas ici mouche à tous les coups, loin s’en faut. En effet, les treize titres de la nouvelle engeance des britanniques se succèdent sans aucune accroche véritable. Alors certes, « Rules and Games », « To Die Like Mouchette », « Maybe I am », « Beneath the Burning Tree » et « Someday the Fire » sont appliqués sur les refrains, mais malheureusement, le reste de chacun de ces morceaux génère tour à tour stress et ennui. Il faut dire que les guitares quelque peu primaires, la batterie guère plus évoluée et l’absence de soli ne participent pas à sortir l’auditeur de ses affres. Pire, dès que l’élément essentiel qu’est le refrain réussi est un peu en rade (« Kicking and Screaming », « Ghosts », « Constant Resurrections » et « Waterfront Dance Club ») ou carrément traité avec médiocrité (« You Can’t See the Forest for the Wolfes »), que la voix est trop criarde (l’inaudible « Constant Illuminations ») ou que la platitude molle prenne le pouvoir (« Building » et « Charlie don’t Surf »), l’affaire se gatte inévitablement.
Ce « Memory and Humanity » est trop lisse, sans véritable âme en fait et pourrait s'apparenter à un met qui manquerait d’odeurs et de saveurs. L’écoute de cet album nous laisse à penser que les gallois ont cherché à conter fleurette à la gourgandine fée Radio en aseptisant leurs propos mais qu’ils ont trop forcé sur l’éther et se sont endormis sur leur créativité. Souhaitons leur, une fois les effluves anesthésiantes dissipées, qu'ils sortent ragaillardis de cette expérience risquée.