Quand Magnus Karlson triture un manche de guitare, les sons produits sont aussi reconnaissables que la voix de Lemmy au milieu des Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Ce gars-là possède un son, c’est une évidence. Il possède un son, ainsi que trois jumeaux, ce qui est pratique pour jouer, comme si de rien n’était, avec Allen/Lande, Primal Fear, Bob Catley, Last Tribe, Tony O’hora, Planet Alliance, Greenhouse, Midnight Sun, Sinner et Starbreaker donc.
Associé à Tony Harnell ex-vocaliste de TNT (Tony revieeeeeeeeeent ils font n’importe quoi depuis que t’es parti !) et à John Macaluso ex-batteur d’Ark et d’Yngwie, il nous propose ici, avec « Loves Dying Wish » le second opus de Starbreaker, à trois ans d’intervalle de leur première œuvre éponyme.
En pénétrant dans celle-ci par la porte d’entrée qu’est « End of Alone », l’amateur de FM innocente, attiré par la bâtisse aguichante, se dit que les garçons ont entrepris, depuis que nous les avons quittés, un régime à base de tartare de lion. En effet, les riffs plombés du morceau ravalent gravement la façade du pavillon et le son a pris de l’ampleur. Si notre débonnaire visiteur n’a pas été trop désarçonné par cet accueil musclé, il se prend alors les pieds dans le tapis du hall d’entrée à l’écoute du morceau suivant (« Evaporate ») qui conserve la même puissance et qui présente en plus quelques touches étonnamment modernes.
Il fallait s’y attendre, notre sensible compagnon amorce un demi-tour, mais il est retenu par les premières mesures de piano de « Love’s Dying Wish » avant que le départ de guitare ne l’arrête net dans son élan. Maintenant c’est clair, exit le FM conformiste d’antan, Starbreaker a mué. Cependant, ces gaillards-là savent toujours manier l’art de la mélodie et le refrain qui débarque alors, dessine enfin un sourire sur le visage le tantinet palot de notre ami. Rassuré, il commence à se sentir mieux au cœur de la demeure, ce d’autant qu’ « Unknown Superstar » sait également attirer son oreille mélodiquement gourmande. C’est une fois de plus bien pêchu, mais également joliment troussé. Le magnifique « Hide » le pousse finalement à rechercher le confort douillet d’un accueillant fauteuil qui tendait ses accoudoirs dans un coin de la pièce principale de cette maison où il se sent désormais presque chez lui. « Building a Wall » (…), où Tony Harnell touche l’improbable perfection, lui fait chercher des yeux un breuvage roboratif, il aperçoit la bouteille ambrée au moment où Karlson attaque son solo à pleurer. C’est décidé il va rester un peu ici et se servir un verre.
Le visiteur s’attarde sur la première lampée en sentant les notes initiales de « Beautiful Disaster » s’insinuer dans tout son être, des frissons parcourent son échine et l’alcool n’y est pour rien. L’impeccable titre tout en harmonies vocales et guitaristiques - ces deux garçons- là s’entendent à merveille - l’enveloppe et l’apaise. L’alcool fait maintenant son œuvre, et le plus rugueux « Live your Life » ne le fait même pas broncher… De toutes façons, le fédérateur et galvanisant « Hello, are you Listening ? » est là pour l’enfoncer un peu plus dans le cuir moelleux qui prend son empreinte, à croire qu’il reconnaît son occupant. Ca doit être ça « faire partie des meubles ».
L’entraînant « Changes Me », porteur d’un solo vengeur, le convainc de rester entre les murs quelques temps. C’est certain, il ne sera pas que de passage ici. « The Day Belong to Us » accueille à sa manière la nouvelle et assène tout en douceur une mélodie énorme entre deux riffs meurtriers. Alors que « This Close », point d’orgue de cette architecture envoutante, égrène ses arpèges sensibles, les paupières du bienheureux se ferment lentement.
Sur le visage apaisé de l’homme un sourire de bien-être apparaît. Qu’est ce qu’on est bien chez soi…