Formé il y a plus de 6 ans par James Byron Schoen, et après pas mal de péripéties, Edensong nous propose son premier album, concept tournant autour de la création du monde si l'on en croit les titres plus ou moins explicites. Avide de proposer une musique ambitieuse dont les influences s'étalent – je cite – "du chant grégorien au grunge" en passant par le rock progressif bien entendu, le groupe évolue effectivement dans des sphères qui apparaîtront assez classiques aux oreilles habituées aux musiques bannissant la simplicité.
Dès les premières mesures, l'ensemble apparaît effectivement séduisant. Pourtant, il apparaît rapidement comme plutôt décousu : des mélodies bancales (The Prayer), peu aidées par des ruptures pas toujours très inspirées. Certes, l'accompagnement rythmique (percussions) et la présence d'instruments à tonalité folklorique (violon, flûte, violoncelle) apportent une sonorité originale et chaleureuse, mais la teneur générale, si elle emprunte souvent au Genesis hackettien période A Trick of the Tail ou à Camel dans les passages semi-acoustiques, propose une agressivité pénible dans les parties électriques, renforcée par une partition vocale mal maîtrisée. Pourquoi vouloir à tout prix sonner métal ? Pour faire vendre ? Le final de The Baptism est à ce titre tout bonnement édifiant : d'une laideur sans nom, il se termine de surcroît en queue de poisson.
Et donc, plus l'album avance, plus les titres vont dégager la désagréable impression d'un manque de finition : ainsi, quand l'inspiré Water Run ou le bien balancé Reflection incitent au plaisir auditif, The Sixth Day déroule 10 minutes d'un ennui profond. Et enfin, cerise sur le gâteau bien peu savoureux, The Reunion, qui est en fait l'amalgame de deux titres distincts séparés par 3 minutes de silence, nous propose de (trop) nombreux passages dans lesquels les instrumentistes donnent l'impression de jouer chacun dans leur coin un titre différent. Et là encore, les interventions vocales se mettent hélas au diapason de ces 18 minutes tout simplement ratées.
Malgré un potentiel plus qu'évident et un panel instrumental qui pourrait propulser le groupe vers les sommets, Edensong nous propose un album à moitié réussi … et donc à moitié raté également. Un peu plus d'inspiration dans les arrangements et les mélodies, et l'essai pourrait rapidement se transformer en véritable réussite. Pas pour cette fois hélas.