Old Man Gloom est l'un des nombreux side-projects du stakhanoviste Aaron Turner, vocaliste et guitariste d'Isis, et qui présente le plus de similitudes avec ce dernier. A ses côtés, on retrouve rien d'autres que Nate Newton (bassiste de Converge et guitariste-chanteur de Doomriders), Caleb Scofield (Bassiste-chanteur de Cave In) et Santos Montano (Batteur de Zozobra, groupe du batteur d'Isis). "Christmas", sorti en 2004, est déjà le cinquième opus enregistré par le quartet depuis la sortie de "Meditations in B" en 1999.
Avec de tels gaillards, il est fortement recommandé de s'attendre à un mélange de métalcore, de punk et de post-hardcore, sous peine d'être involontairement happé par la hargne qui se dégage de cet objet qui prendra alors véritablement la forme d'une boîte de Pandore. Car "Christmas" est tout sauf un cadeau de Noël pour enfant méritant. Il suinte l'âpreté, la fièvre et la spontanéité.
Il semble toutefois bien loin d'avoir été confectionné dans l'urgence car musicalement, les titres n'ont pas à pâlir de leur efficacité et de leur fougue. Le titre introductif "Gift" tient à titre d'exemple du véritable diamant, taillé à la hache certes, mais regorgeant de cette colère salutaire et de cette puissance qui impose le respect. Il possède aussi la caractéristique peu conventionnelle de débuter par des chœurs, sorte de mariage improbable entre chants corses et hardcore, provoquant toutefois son petit effet.
Comme pour faire varier les impressions, afin de ne pas rester sur une note unique d'agressivité, "Christmas" alterne entre les moments tempétueux et les plages d'ambiant, de drone ou de post-rock. Si l'album s'en trouve être moins homogène sur son contenu, coupant un peu l'élan des morceaux les plus vifs, ces compositions ont toutefois l'avantage de posséder une véritable identité.
Enfin, et puisque c'est noël après tout, c'est un pavé de plus d'un quart d'heure ("Christmas Eve pts I, II, And III") qui achèvera la soirée. Les formats rencontrés jusque là sont réutilisés une dernière fois à savoir une suite d'atmosphères impalpables et de passages plus enlevés. Rien de très comparable cependant avec l'animosité des autres titres.
Bien que s'affranchissant des codes utilisés par Isis, "Christmas" devrait plaire aux aficionados de ce dernier. On marche en terrain connu, les ambiances sont aussi moites et oppressantes et restent un modèle de rugosité et de rage tumultueuse. En définitif, c'est le seul avis de tempête pour lequel on peut se réjouir.