Glass Hammer, groupe américain assez mal distribué en France (pas du tout ?), accumule les disques, studio et Live, depuis 15 ans (1993). Les 2 compères à l'origine du combo, Steve Babb et Fred Schendel, sont des fans de Yes depuis toujours, et nous proposent une musique y faisant souvent référence. Ils sont même allés jusqu'à parodier le groupe anglais dans un disque décrit comme un "prétentieux concept album à propos de … rien" (Chronometree – 2000). Mais leurs influences ne s'arrêtent évidemment pas là, et si vous aimez le style d'Emerson aux claviers, ou la musique de Genesis, vous retrouverez dans la discographie de GH de quoi vous satisfaire. Ce DVD "Live at the Tivoli", proposé au format sonore 5.1, reprend uniquement des titres de ses 4 derniers albums.
C'est dans une formation identique à celle de leur précédent DVD, "Live at Belmond", que se présente le groupe de Tennessee, avec une chorale de 150 chanteurs les rejoignant pour les 4 derniers morceaux. Steve Babb, Fred Schendel et leurs amis sont bien là, avec leur look d'employés de banque. Mais ne vous y trompez pas, s'ils n'ont pas le style Rock Star, ils en ont les qualités. Très bons instrumentistes, avec mention spéciale à David Walliman, guitariste intéressant, pratiquant le shred, durcissant un tantinet le ton et distillant d'excellents soli tout au long de ce concert. 3 chanteuses (dont la titulaire Susie Bogdanowicz) et le "Adonia Strings Trio" complètent la formation.
Curieusement, le concert débute par un titre non publié, 'Eiger Dreams', de la récente période "Culture of Ascent". Instrumental ramassé, il met en appétit. Suit 'Run Lisette' (quel drôle de titre), de "Shadowlands". Comme Carl Groves, chanteur de "Salem Hill", n'est pas très charismatique, il faut un peu s'habituer à son style et entrer dans le concert. Mais les morceaux épiques vont s'enchaîner, l'ambiance va se créer, et le concert va décoller avec plusieurs moments clefs, à commencer par "A Cup of Trembling", échappé de "Lex Rex", très yessien.
Le titre "Longer", entamé par Carl Groves qui s'accompagne à la guitare sèche, est un très bon exemple de ce que sait faire Glass Hammer. Un enchaînement intelligent de passages instrumentaux, dans lesquels viennent s'intégrer les lignes de chants, le tout avec virtuosité et dynamique. Autre instant magique, le long et bien tourné "Knight of the North", qui débute par un trio à cordes, et qui va nous entrainer vers des sommets de prog, voyant le chœur évoqué plus haut faire son apparition. Tout y passe, solo de batterie, de claviers, Steve Babb qui chante, plus comme un conteur, et le final, donc, avec ses 150 poitrines qui clament.
Le chœur, ainsi introduit, va nous gratifier d'un "Beati Quorum Via" dans la plus pure tradition de la musique baroque sacrée. Bonne petite incartade vers le classique, comme le fut l'intro de "Knight of the North". Ce n'est ni Bach ni Mozart, mais c'est agréable et ce n'est pas très long.
Le concert se termine sur "Having Caught a Glimpse" de l'album "The Inconsolable Secret", dans lequel le chœur de la Lee University va pouvoir se lâcher, dans un final taillé sur mesure.
Le rappel, car il y en a un, va faire plaisir à tous les fans de Yes, puisqu'il s'agit de la reprise de "The South Side of the Sky", du dernier album "Culture of Ascent". Chant lead assuré par Susie Bogdanowicz, chanteuse dans Glass Hammer depuis les débuts du groupe, et qui propose une alternative intéressante à Jon Anderson. Certes, elle n'a pas le timbre du chanteur anglais, mais sa qualité de voix et sa conviction suffisent à nous faire apprécier cette reprise.
Fred Schendel, David Williman, Steve Babb et Matt Mendians assurent une prestation sans faille en soutien de tous ces chanteurs (4 au total), du trio à cordes et des Choristes. A noter que Carl Groves, en plus d'assurer le chant sur la plupart des titres, joue de la guitare sèche et des claviers.
Lors du début du visionnage de ce DVD, je ne vous cache pas que j'étais circonspect. Mais la musique a ce pouvoir de vous faire changer d'avis, comme ce fut le cas ici. Ce concert est un instant agréable, parfois prenant, auquel il n'aura manqué qu'une petite mise en scène pour lui donner cette magie qui l'aurait rendu inoubliable. Si Glass Hammer avait la bonne idée de sortir en double CD la bande son de ce DVD, ce serait parfait. Mais ne boudons pas notre plaisir d'écouter ces titres dans une interprétation revue et corrigée.