Eli est encore un groupe de métal à chanteuse. Je reconnais que le terme « encore » n’est peut être pas idéal vu que j’en connais beaucoup moins que de groupes de métal à chanteur. Celui-ci a été fondé par le prolifique et finlandais Lars Eric Mattsson (également patron de Lion Music), que l’on a retrouvé il y a peu, avec son groupe (Mattsson), sur le très beau « Dream Child ».
Comme sur ce dernier, Lars-Eric s’est adjoint les services d’une chanteuse inconnue, italienne cette fois, Eli Pezzuto. Et il faut bien l’avouer, la belle ne manque pas de talent. Elle possède une voix délicate qui n’est pas sans rappeler par instant celle d'une autre chanteuse latine, Ana Torroja de Mecano (comme sur le premier titre « To Slowly Fade Away » ou sur le mélancolique « My Emptiness »). Ses qualités lui permettent de monter assez haut, avec beaucoup d’aisance. Elle peut prendre aussi un aspect évanescent qui convient bien à la musique proposée. Car si celle-ci est étiquetée « métal » (en raison des quelques guitares saturées), elle est d’un abord très accessible, avec parfois, des accents popisant.
L’approche symphonique et la mise en avant de cordes variées, principalement jouées par un orchestre, est une autre caractéristique de cet album. Hélas, la combinaison de celles-ci avec quelques claviers vintage ’80 n’est pas trop heureuse évoquant Orchestral Manœuvres In The Dark sur « For Mother Earth » et en intro sur « Turn This World Around » (qui a pourtant un bon refrain) ou les Buggles et les Thompson Twins sur « Leave Me Here ». Si ces sonorités ne sont heureusement pas dominantes, elles atténuent la cohésion de la musique sur quelques titres.
Quant aux compositions, elles ont une structure classique et n'utilisent pas les ingrédients progressifs de Mattsson (le groupe). Elles valent surtout par la voix d’Eli, la combinaison chœurs/orchestre et guitares, par leur mélodie et l’émotion qu’elles dégagent. Cette émotion, que ce soit par le jeu des cordes ou de la voix, est, il faut le souligner, essentiellement à la mélancolie, limitant potentiellement l’écoute d’une traite de l’œuvre.
Mais il n’y a pas grand chose à jeter, et il y a même quelques moments forts. L’entrée en matière « Slowly Fade Away », est de premier choix. Belle mélodie, rythme enlevé soutenu par des guitares efficaces, et puis ce violon qui transperce le cœur tout au long de la plage. Cela pourrait faire un tube avec quelques passages en radio. Il y a aussi « Welcome To My Dream World », où la voix d’Eli fait merveille en osmose avec l’orchestre et la rythmique métal. Ou encore « Wondrous Stories », épuré, dans laquelle la voix et les chœurs se retrouvent seuls devant les instruments à cordes et à vent. C’est tout simplement beau !
Toutes les compositions ont un petit quelque chose qui peut faire la différence comme les chœurs en écho sur « Back to Your Grace » ou encore les guitares plus agressives sur « Leave Me Here ». Un mot sur la plage titulaire «Darkness Will Fall» qui commence comme un film de Walt Disney et enchaîne sur du Nightwish, la référence du métal à chanteuse, qu'heureusement, Lars Mattsson ne tente pas de copier, ni Eli de singer.
Nous avons donc au final, un bel album, avec un style, des qualités et des défauts, et dont l’accessibilité (ce n’est pas toujours péjoratif), pourrait lui permettre de toucher un public assez large s’il bénéficiait d’un peu de promotion radio. Un cadeau idéal pour les fêtes en tout cas.