Dans les années 70's, les gars d'Amon Düül, et d'autres, avaient donné leurs lettres de noblesse à un style pour le moins particulier qui pour certains était génial, pour d'autres donnait des arguments de poids à tous les détracteurs des substances qui font rire. Une musique relativement sale en terme de production, répétitive à souhaits, avec des guitares en transe et un chant incantatoire ou parfois malsain donnant l'impression de sortir d'une nouvelle de H.P. Lovecraft. Plus de trois décennies après, des groupes s'essayent encore à ce style, avec plus ou moins de succès.
Serpentine Satelite est un groupe fondé en 2003 au Pérou. Un océan sépare donc les créateurs de ce groupe des héritiers directs de ce mouvement dont les fers de lance, rappelons-le, étaient domiciliés chez nos voisins d'outre-Rhin. Question de culture, d'approche de la musique ou autre raison, je n'en sais rien mais toujours est-il que là où Electric Orange (chroniqué récemment dans nos pages) s'en tire très honnêtement, je n'arrive toujours pas à accrocher à l'approche de Serpentina Satelite.
Pourtant, tous les aspects sont là, jusqu'à la production bien trop sale que des oreilles non averties pourraient leur repprocher mais qui s'inscrit bien dans le genre.
Et j'en vois déjà me demander comment je fais pour apprécier Electric Orange et ne pas accrocher à Serpentine Satelite tellement la démarche est identique et le résultat assez similaire.
Mais voila, il y a un réel souci : alors que les allemands d'Electric Orange arrivent à retenir l'attention, les promesses de la set-list de ce Nothing To Say (à commencer par un epic de 23 minutes qui met l'eau à la bouche) ne sont absolument pas tenues. "Nueva Ola", premier morceau, annonce tout de suite la couleur par son intention évidente de nous plonger dans un état de transe donnant envie de s'immerger dans une ambiance typiquement psychédélique (entendez par là "vautré dans le canapé, habillé en orange et vert pomme, plongé au milieu d'éclairages qui font apparaître la fumée de vos cigarettes tantôt rose, tantôt verte, etc..."). Comme entrée en matière, c'est assez heureux mais ça ne reste qu'un apéritif. On attend avec une certaine fébrilité les véritables pépites. Et le souci réside justement dans cette incapacité à aller plus loin. L'ambiance reste plate et ne décolle pas vraiment jusqu'à l'arrivée de l'epic qui clôt l'album. On espère alors le feu d'artifice habituel sur ce terrain musical et, 23 minutes après, la déception reste immense tant le feu d'artifice donne plus le sentiment d'avoir acquis un pêtard (oui, je sais, c'était facile) mouillé.
Ce qu'il y avait de bien avec ce style, c'était sa capacité à vous plonger dans une certaine torpeur juste par le biais de la musique, sans besoin d'user de substances illicites. Avec Serpentine Satelite, on ressort de ces 50 minutes en éprouvant la frustration d'avoir été au bord d'un plaisir qui n'est jamais venu... Alors on retourne vers les valeurs sures, celles qui ne nous déçoivent jamais, et on se délecte sur un bon Wolf City. Au moins, Serpentine Satelite m'a permis de reprendre contact avec Amon Düül, tout n'est pas perdu.