« Balls To The Wall », d’Accept, c’est tout d’abord un visuel. Du cuir, des poils et une boule, qui ont longtemps fait jaser. Et pourtant, les textes, écrits par Gaby, la femme du guitariste Wolff Hoffman, parlent plus d’anarchie, de révolution, d’aliénation (« Fight It Back » et « Balls To The Wall »), des minorités (« London Leatherboys » ou « Love Child » justement consacré aux gays), que de sexe, qu’il fut faible ou fort.
Mais au-delà des controverses, en 1983, c’est la musique d’Accept qui va tout tsunamiser sur son passage. C’est pourtant déjà le cinquième album des teutons, et si jusqu’à présent, à chaque production, la progression était intense, avec « Balls To The Wall », elle fut simplement sidérante.
Un premier sommet avait pourtant déjà été atteint avec l’opus précédent « Restless And Wild », mais « Balls To The Wall », bien que moins speed et moins brutal se montre surtout beaucoup plus puissant, plus lourd, tout en étant terriblement efficace du point de vue des riffs et des mélodies et en conservant suffisamment d'agressivité. Il faut aussi ajouter que le niveau des compositions est particulièrement élevé. Rien que des hymnes, interprétés avec une précision chirurgicale par toute la formation. La voix d’Udo a encore gagné en puissance et maturité, mais aussi en personnalité, comme quand elle prend, sur « Head Over Heels » ou « Losing More Than You've Ever Had », cet air faussement détaché, alors que derrière elle, ça martèle d’enfer.
La production de Dieter Dierks, bien connu pour son travail avec les Scorpions est aussi impeccable, soignée, très claire, ce qui accentue encore la puissance originelle et permet de monter le son presque indéfiniment, ce qu’il ne faut pas hésiter à faire. Il parsème également la plupart des titres de gimmicks accrocheurs bien intégrés, comme les fameux chœurs russes dans « Balls To The Wall » ou les cris aigus dans « Fight It Back » ou encore les cloches dans « Winter Dreams ».
Avec cet album, Accept va non seulement acquérir la reconnaissance internationale méritée, et même percer aux Etats-Unis, mais il va aussi graver des références indélébiles dans le monde du metal, et qui, quelques années plus tard encore, influenceront le mouvement True Metal ou Power Metal emmené par exemple par Hammerfall ou Metallium.
Alors bien sûr, on pourrait tenter d’isoler quelques titres phares, mais comme ils le sont tous, nous noterons seulement que « Balls To The Wall » est le titre incontournable de la carrière d’Accept, et que « Head Over Heels », « Love Child » ou « London Leatherboys » ont régulièrement été sur leur playlist de concert. Mais de grâce, ne vous limitez pas à ceux là, car il serait dommage de passer à côté du langoureux « Losing More Than You've Ever Had » ou du violent « Fight It Back », voire du titre le plus speed de l’album « Losers and Winners ». Vous m’avez compris, j’ai vraiment envie de les citer tous.