Depuis la sortie de leur premier album « Backstreet Symphony » en 1990, les membres de Thunder sont restés fidèles à leur paroisse. Le line up n’a guère évolué, les principaux atouts du combo ont pris racine et le style est toujours identifiable à la première écoute. En presque 20 ans de carrière, Thunder est logiquement devenu un standard du hard n’blues british, icône d’une génération parallèle à AC/DC and co. Voici donc le neuvième album des musicos, au titre plus ou moins racoleur « Bang ».
Neuf albums en 20 ans c’est assez peu. Mais les 14 lives et 6 compils qui étoffent cette discographie, nous éclairent sur le sens aigu des affaires du groupe… A défaut d’être réellement productif. Préjugés mis à part, "Bang" ne se révèle pas aussi catastrophique que le suggère un emballage digne d’un groupe de teenagers. Il reste dans la lignée de ses prédécesseurs, abordable, consensuel et rock à la fois.
Un défaut majeur modère toutefois le propos. Ce nouvel album manque profondément d’ambition. Les musiciens paraissent conserver ce qui leur reste d’énergie pour épuiser une recette trop longtemps utilisée. Les thèmes, bien qu’efficaces, sont redondants, et les structures, confinées dans un standardisme épuisant. Au final, les douze titres forment un ensemble un peu mou du genou.
« Bang » ne sent pas le sapin pour autant et fort heureusement les musiciens sont taillés dans un bois plus costaud. La voix de Danny Bowes est toujours aussi raffinée et c’est un plaisir d’écouter un timbre qui vieillit aussi bien que le bon vin. Le « fuck you » lâché dans le premier titre peut faire sourire, mais il ne faut pas oublier que Thunder a toujours été taquin. Pour preuve, certaines vidéos sur leur site sont déconseillées aux moins de 16 ans…
En bons techniciens, les titres s’enchaînent tranquillement, parfois trop, au risque de confondre nonchalance et pause sieste. Les acoustiques « Retribution », « Watching Over You » ou « One Bullet » plombent un peu l’ambiance rock de l’opus. Ces bémols sont contrebalancés par de beaux efforts du guitariste Luke Morley à qui nous devons le sympathique solo de « Stormwater », entre autres, mais également par certaines compos aux influences southern rock, soulignées par des touches d’harmonica et un délicieux parfum texan ( "Have Mercy", "Turn Left At California"..). Les riffs, sans être révolutionnaires, restent entraînants, appuyés par une rythmique basse – batterie carrée, presque caricaturale.
Bref, Thunder vaut toujours le coup d’oreille. Nous n’en dirons pas plus sur le titre choisi, qui est tout sauf représentatif du groupe. Restent une voix, un style et une experience qui feront la différence avec de nombreuses nouveautés sans saveur. Pour les initiés, c’est toujours une valeur sûre...