J’aurais dû me méfier ! ! Si, si vraiment, j’aurais dû être plus prudent. Pensez donc ! Un dément espagnol qui vous propose une psychoanalyse de la douleur éternelle, forcément, cela ne présage, a priori, pas grand chose de bon. Alors quand en plus, l’artwork, une fille se tailladant les veines, se fait pour le moins évocateur du propos sous-jacent de cette analyse, il faut s’attendre au pire. Et effectivement cet album, le second, des deux instrumentistes espagnols est une descente dans les tréfonds de la douleur auditive.
Ecouter une production du label russe Coyote Records c’est déjà le gage d’écouter un obscur groupe sorti de nulle part. Mais c’est aussi presque l’assurance d’écouter un groupe à l’extrême de l’extrême. Et Demented ne démentira et ne dérogera pas à la réputation du label. Voilà, un groupe qui donne dans un brutal death métal dans le genre Disgorge, mais en plus radical. Je ne sais pas si le son saturé est volontairement recherché, mais bienvenue en plein champs de bataille futuriste. On se croirait tomber en pleine guerre apocalyptique. Un brutal death métal oppressant, limite industriel, qui arrache tout sur son passage même nos pauvres oreilles. A la guerre comme à la guerre !
Bien sûr, c’est presque le genre musical qui veut çà. Mais quitte à choisir, mieux vaut écouter un bon petit Suffocation de derrière les fagots plutôt que cette musique évoquant une bouillie sonore au son assez moyen. A cela s’ajoute une forte impression de linéarité que ne viennent même pas altérer de petits breaks aussi brefs qu’insipides. Certes, les aficionados de l’extrême extrême y trouveront peut-être un peu de charme malsain. Mais dans le genre brutal death métal il faut reconnaître qu’il y a quand même beaucoup et largement mieux. Surtout que l'album se termine par un long titre "Kwaidan", élucubration autant incongrue que saugrenue. Plus de 8 minutes d'incantations nippones sur fond de petits bruits évoquant à peine l'Orient. Une composition proprement et expérimentalement ridicule autant qu'affligeante.
Cette pyschoanalyse a quand même un mérite. Celui de nous faire ressentir la signification intrinsèque du concept de bien-être. Ecoutez ce disque jusqu’au bout et dès la fin de l’ultime dernière note, vous ressentirez un profond soulagement et un incommensurable bien-être : Demented ou les bienfaits du silence.