« The Dark Crusade » est le tout premier album des français de Mystria. Le groupe, originaire du sud ouest de la France, s’est formé en 2003 et a sorti une démo, Queen of hell en 2004 dont deux titres se retrouvent dans ce nouvel opus. Depuis 2004, le groupe a beaucoup tourné, en participant notamment au tremplin du Wacken Open Air, pour y finir 3ème, et en accompagnant pas mal de groupes d’envergure en première partie tels Kragens, After Forever ou encore Magica. Mystria a gardé un line up relativement stable depuis ses débuts, ne changeant que deux fois de bassiste et une fois de chanteur après la disparition de Sébastien Rabotin.
Cet album nous fait découvrir une formation techniquement en place et musicalement ancrée dans les années 80 avec un heavy thrash métal assez incisif, au chant criard typique du genre. Il ne faudra pas longtemps au connaisseur pour reconnaitre les influences très marquées de Judas Priest voire du vieux Metallica. En effet, l’ombre de Rob Halford plane sur l’ensemble de l’œuvre avec notamment un « Demon Eyes » au mimétisme flagrant.
« The Dark Crusade » nous ramène donc une vingtaine d’années auparavant à l’époque des grandes heures du heavy métal. On y retrouve bien évidemment tous les codes du genre avec des voix tour à tour criardes puis mélodiques, des riffs de guitare enlevés tout en restant mélodiques et des chœurs guerriers très présents sans oublier l’inévitable côté épique. Et pour peu que l’on ne se prenne pas trop la tête à chercher des innovations ou du modernisme, on prend pas mal de plaisir à son écoute.
Nombre de titres sont immédiats et très accrocheurs comme « Treason », épique en diable et renforcé par un excellent chant avec quelques intonations à la Nevermore sur les couplets ou comme le titre éponyme, sans doute le plus recherché du disque, avec un début un peu plus lent et des parties de guitare que n’aurait pas renié « Iron Maiden » époque Paul Di Anno. On peut aussi citer le plus lent, « The witch », assez sombre, qui monte doucement en puissance avec une partie de chant de grande qualité, à la fois mélodique et puissante. Il est d’ailleurs important de souligner les performances vocales de Guillaume Codina qui passe facilement d’un registre criard à un registre plus posé, rappelant en cela King Diamond.
Il est à noter que le son de l’album se veut particulièrement puissant et soigné, chose rare pour une auto production. Chaque titre et chaque instrument est très bien mis en valeur et le mixage propose un bon équilibre entre les musiciens et le chant.
Mystria signe donc un premier album très intéressant malgré un certain manque de personnalité et une tendance à compliquer ses titres avec des breaks pas toujours opportuns. Sa connotation années 80 devrait enchanter les fans du genre. Il parait cependant indispensable à l’avenir de gommer les défauts cités si la formation ne veut pas rester cantonnée dans un créneau nostalgique.