1977: Ronnie Van Zant, Steve Gaines et Allen Collins décèdent dans une catastrophe aérienne et il semble bien que Lynyrd Skynyrd ne pourra jamais se relever de ce drame. Bien sûr, plusieurs compilations et albums live ont vu le jour et quelques concerts avec les membres survivants et quelques invités de marque ont eu lieu pour rendre hommage aux disparus, mais personne n’ose croire que la légende sudistes pourra un jour offrir du nouveau matériel. C’est pourtant ce qui se passe en 1991 et 1993 avec les excellents "Lynyrd Skynyrd 1991" et "The Last Rebel". A l’occasion du vingtième anniversaire de la catastrophe. Rickey Medlocke (Blackfoot) rejoint le groupe dans lequel il avait tenu la batterie à ses débuts, alors que Johnny Van Zant (le petit frère de Ronnie) et Hughie Thomasson (Outlaws) étoffent un line-up complété par Owen Halle à la batterie.
Sobrement intitulé "Twenty", cet album que plus personne n’attendait nous propose 11 nouveaux titres ainsi qu’une reprise de "Travelin’ Man" sur lequel la voix de Ronnie a été samplée pour permettre un duo désormais impossible entre les 2 frères Van Zant. Voilà qui adoucira un peu l’ire des intégristes pour lesquels Lynyrd n’est pas Skynyrd sans Ronnie. A leur décharge, il faut bien reconnaître que, si nous restons dans un répertoire southern pur jus, le son du groupe a bien changé. La voix de Johnny est plus éraillée et granuleuse, alors que la production donne plus de puissance à l’ensemble, ce qui n’est pas sans faire penser à l’évolution du son de Molly Hatchet.
Mais tout ceci n’empêche pas quelques cavalcades de guitares comme à la grande époque ("Bring It On" et "Never Too Late"). Il est cependant dommage que le final de ce dernier soit amputé d’une accélération qui promettait beaucoup. L’ensemble alterne entre des morceaux dominés par un esprit rock’n’roll tels que "Bring It On", "Talked Myself Right Into It" ou le boogie d’un "How Soon We Forget" avec sa slide et son final flirtant avec le gospel, et des titres où le tempo est plus lourd tels que "Voodoo Lake", "O.R.R." (pour Outlaws, Renegades, Rebels on the run) ou "None Of Us Are Free", qui dégagent une puissance particulièrement efficace. D’autre part, la ballade "Blame It On A Sad Song" vient compléter un panel d’émotions déjà bien étoffé. Ce titre permet également à Billy Powell de rappeler à tout le monde qu’il possède toujours un sacré sens de la ligne mélodique. Ses interventions viennent d’ailleurs régulièrement illuminer la plupart des titres au milieu du mur formé par les 3 guitares.
L’entreprise risquée consistant à ressusciter une telle légende dépasse donc le seul cadre de la médiatisation et débouche sur une réussite artistique, même si elle déclenchera fatalement quelques réserves. Les 3 survivants réussissent à faire perdurer l’esprit de Lynyrd Skynyrd alors que les nouveaux arrivants insufflent une nouvelle dynamique et permettent au groupe d’évoluer vers une musique plus actuelle, mais gardant ses racines bien ancrées dans un southern blues rock chaud et engagé