Sous le nom délicat de Revolting Cocks, aussi connu comme les Revco sans doute pour ne pas trop avoir à subir les affres de la censure, se cache un projet parallèle du leader de Ministry, Al Jourgensen.
Revco a vu le jour en 1985, pratiquement au même moment que les débuts de Ministry. Son origine vient d’une tournée que Ministry a effectuée avec le groupe électro Front 242 en 1984. Le but de ce projet était de mélanger le son de Ministry avec de la dance et de la techno. Le départ précipité d’une partie du line up dont celui des membres de Front 242 à l’origine du concept a entraîné une évolution dans la musique des Revco qui se sont alors rapprochés du son de Ministry. Après trois albums, le groupe a été mis de côté par Jourgensen et Van Acker, l’autre leader du groupe. Et ce n’est que courant 2006 que les Revco ont fait leur grand retour avec l’album Cocked and Loaded qui montrait une musique résolument rock et fun dans l’esprit.
Sex-O Olympic-O propose cette fois-ci de revenir aux origines du projet. Le rock a largement été mis de côté pour laisser la place aux sonorités électroniques, aux samples et aux boucles. Les guitares ont été oubliées pour donner un résultat très dance tout en gardant l’aspect dur des productions qu’aime Al Jourgensen. Et cet album s’avère être un bon cru pour peu que l’on apprécie le genre et que l’on laisse de côté ses préjugés.
Pour apprécier la musique, il faut d’évidence ne pas se prendre la tête comme l’ont fait ses géniteurs, l’aspect fun et déjanté étant prédominant sur ce Sex O Olympic O. Car dès le premier titre, « Hookerboot 3000 », on est lancé en plein dance floor. Le titre qui rappelle un peu les débuts de Pain, propose en effet une musique purement électronique sur des vocaux très présents, tour à tour robotiques et criards.
Et si on a survécu à ce choc initial, on peut sans soucis s’éclater sur le reste de l’album tant la qualité est au rendez-vous. Avec « Keys to the city », on ne peut s’empêcher de penser aux Pet Shop Boys avec l’utilisation de chœurs sur le refrain pour un résultat énorme et dansant à souhait. C’est aussi le cas de « Cousins » purement dance, qui parait tout droit sorti des dance floors avec juste une voix d’outre tombe dans l’esprit d’un Joy Division. Il y a dans la même veine le single, « I’m not gay », volontairement décalé et doté d’un refrain robotique irrésistible, le tout sur une musique lancinante, proche de la techno des années 90.
Les guitares sont quand même au rendez vous sur quelques titres comme « Red Parrot » ou le très bon « Abundant Redundancy ». Ce dernier sonne comme un mixe entre Pain et Rammstein avec un chant agressif et malsain du meilleur effet comme dans un film d’horreur des années 50.
La new wave est aussi au rendez vous avec « Rodo Banditos », le tout avec un touché hispanique original. Le titre est en tout cas très bien fait et aurait pu largement se tailler une place à la grande époque du genre dans les années 80. Et dans un style purement Dub, il y a le très long et hypnotique « Wizard of sextown » qui conclut un disque très varié, juste avant un remix disco du titre d’entrée absolument imparable.
Les Revco signent donc un très bon album, qui n’a certes rien de révolutionnaire pour le genre, mais qui est une parfaite visite des genres électro et techno de ces dernières années. Sex-O Olympic-O est tout simplement un excellent disque pour animer une soirée un peu déjantée, sans avoir envie de se prendre au sérieux. Il faut enfin avoir un mot pour saluer la superbe pochette du disque, véritable hommage aux affiches de films des années 50 et 60.