Au même titre que ses potes de Motörhead, avec qui il s’apprête à tourner, Saxon continue à nous offrir de nouveaux albums à un rythme soutenu. En effet, « Into The Labyrinth » est le dix-huitième opus studio du quintet britannique en l’espace de 30 ans, et au même titre que le gang de Lemmy, celui de Byff révolutionne rarement son style, mais déçoit aussi très peu à chacune de ses offrandes discographiques. C’est probablement que ces deux groupes partagent une honnêteté et un amour sans fin pour leur musique et pour leurs fans, même si nous accorderons tout de même un esprit un brin plus aventureux à Saxon.
En effet, « Batallions Of Steel » qui ouvre le bal des 13 titres de « Into The Labyrinth » (11 seulement en réalité, « The Letter » et « Premonition In D-Minor » n’étant en fait que des introductions aux titres qui les suivent) nous offre une surprise de taille avec son intro grandiloquente et ses chœurs. Epique et puissant, ce titre donne la sensation d’être le fruit d’une copulation entre Nightwish et le combo britannique. Que les die-hards fans se rassurent, le reste demeure du pur Saxon oscillant entre titres particulièrement heavy (« Crime Of Passion » et « Protect Yourself »), plus speed (« Demon Sweeney Todd » et « Hellcat ») ou basiques et irrésistibles (« Live To Rock » et « Come Rock Of Ages »). Mais quelque soit le style, vous n’échapperez pas aux refrains immédiats et obsédants dont Saxon est un des maîtres incontestés.
L’ensemble est sombre, bien que varié dans les tempos, et les profondeurs semblent atteintes sur un « Voice » particulièrement lent et doté d’un break angoissant. Situé entre « Crime Of Passion » et « Protect Yourself », il participe à un enchaînement torturé qui plonge l’auditeur dans une ambiance oppressante dont « Hellcat » viendra le tirer avec son riff rapide et tranchant renforcé par un refrain en forme d’hymne. A l’opposé de ces lourdes atmosphères, l’épique « Valley Of The Kings » alterne couplets rapides et refrains majestueux pour vous entraîner vers des sommets pleins de feeling. Byff en profite pour nous prouver qu’il est toujours en grande forme et toujours capable de moduler son chant et de le pousser vers quelques notes aiguës que peu de chanteurs de son âge sont encore capables d’atteindre. Soutenu par une section rythmique toujours aussi efficace et dynamique et un couple de guitaristes à la complicité évidente, le légendaire frontman ne semble pas vouloir lever le pied.
Présenté par le groupe comme un album à mi-chemin entre « Lionheart » et « The Inner Sanctum », ses deux prédécesseurs, « Into The Labyrinth » maintient Saxon sur les sommets du genre, tout en s’appropriant une identité propre et en sondant des profondeurs rarement visitées par le combo. Tout juste pourrons-nous nous questionner sur l’utilité de la version bottleneck de « Coming Home », titre dont la version originale se trouve sur « Killing Ground ». Bien qu’agréable, cette interprétation tranche un peu trop avec la puissance de l’ensemble, même si certains pourront y trouver une reposante phase de décompression après le déluge déversé précédemment. Dans tous les cas, ceci n’empêche pas Saxon de nous offrir un nouvel excellent album pour débuter l’année 2009 sur des bases de grande qualité.