Deux ans après le succès commercial phénoménal de leur premier album, Skid Row revient en 1991 avec « Slave To The Grind ». Et alors qu’il ne fait aucun doute pour tout le monde, que le groupe va poursuivre dans la même veine « gentille » et consensuelle (pour le marché du disque américain de l’époque, cela fait rêver !) que leur premier opus, celui-ci prend tout le monde à contre pied et nous pond ce recueil de bombes Heavy. Comparativement à son prédécesseur, tout dans « Slave To The Grind », est "plus".
Les guitares sont plus Heavy, lorgnant même parfois vers le Trash ('Slave To The Grind'), le son est plus puissant et plus clair, la voix de Sebastian Bach gagne en puissance et en rage, les compositions sont un cran au dessus, les paroles plus matures… Passées les 35 premières secondes du disque, l’intro de 'Monkey Business' à la guitare claire, et excepté lors des 3 magnifiques power balades ('In A Darkened Room', 'Quicksand Jesus' et 'Wasted Time'), le rythme est effréné d’un bout à l’autre de l’album. On assiste à une cavalcade de riffs plus agressifs les uns que les autres. Les textes ne sont pas en reste, et montrent un réel effort quant au choix des thèmes.
Ne nous affolons pas tout de même, cela reste un groupe de Hard américain ! Mais les thématiques classiques « 1, 2,3 let’s go to party » « on est des jeunes et on va tout changer » « je t’aime, mais tu es méchante avec moi »… sont largement délaissées au profit de sujets un peu plus fouillés ; L’inceste et la pédophilie (« In A Darkened Room »), la drogue (« Monkey Business » et « Wasted Time »), l’altération de la foi en Dieu (« Quicksand Jesus »). Mais rassurez vous, il reste tout de même des morceaux tels « Get The Fuck Out » ou « Creepshow », dont les textes semblent avoir été écrit par une huître en pleine crise d’adolescence. Et cela se marie très bien avec le coté primaire et brut de ces chansons, sortes d’orgasmes libérateurs.
Le groupe est aussi à l’aise dans les morceaux hyper violents (les très efficaces 'Slave To The Grind', 'Monkey Business', 'Get The Fuck Out', ou le punkisant 'Riot Act') que dans les ballades où la voix de Bach fait des merveilles en passant de tonalités graves à des envolés dans les aigus. Cette volonté de puissance est à rechercher à la fois dans le background punk affiché par le principal compositeur du groupe, Rachel Bolan, et dans l’impact qu’a eut le « Cowboy From Hell » de Pantera sur Sebastian Bach.
En prenant cette orientation musclée le groupe a pris le risque de tourner le dos à une large frange de son public. Mais le résultat s'est avèré payant. Avec cet excellent album, Skid Row tutoiera ses sommets, que ce soit en termes de créativité musicale, de succès commercial et de crédibilité.
A noter qu’il existe 2 versions de l’album, la version originale et un versions censurée dans laquelle 'Get The Fuck Out' a été remplacée par 'Beggar’s Day'.