Avec « Whoracle », In Flames a montré un immense potentiel en proposant un très bon album de death métal mélodique et s’est ainsi présenté comme un des futurs grands noms de la scène métal internationale. Ce « Colony » a donc des allures de test capital. Soit le groupe confirme et s’installe durablement, soit il stagne et reste ancré en seconde division. Pour cet album, le groupe a enfin déniché un batteur à plein temps et un nouveau bassiste. Il est à noter que ce line-up sera le même en 2009, preuve de sa grande solidité. Il faut dire que les recrues sont de qualité, notamment avec l’arrivée de Daniel Svensson à la batterie qui permet à Bjorn Gelotte de se consacrer uniquement à son travail de guitariste.
A cette époque, la scène death mélodique n’est pas encore encombrée et In Flames a un boulevard devant lui pour s’installer durablement. Dark Tranquillity vient de sortir un « Projector » de grande qualité mais qui ne trouvera pas son public, alors qu’Arch Enemy et Soilwork n’ont pas encore complètement explosé. En fait, seuls les petits nouveaux de Children Of Bodom paraissent en mesure de s’opposer à la puissance grandissante de In Flames. Avec ce disque, le groupe va continuer sur la lancée de « Whoracle » en proposant un heavy death métal aux mélodies imparables, mais cette fois avec le petit truc qui manquait à « Whoracle ». L’aspect immédiat et tubesque est souvent au rendez-vous, en partie grâce à des claviers qui apparaissent discrètement et aux voix claires qui se font plus présentes que sur « Whoracle ». Ce début de mutation rend l’album imparable et va définitivement faire changer les Suédois de statut.
Car ce « Colony » a tout de l’album parfait et indispensable du genre. Tout y est plus travaillé, plus réfléchi et plus efficace avec alternances d’accalmies et de passages plus furieux et un côté purement death métal mis en retrait. La production de Fredrik Nordström, grand artisan du son In Flames, est une fois de plus parfaite et intègre à merveille les guitares heavy et les soli, le chant death d’Anders Friden et les claviers.
Il n’y a donc pas grand-chose à jeter tout le long de ce « Colony » qui commence avec un terrible « Embody The Invisible », parfaite illustration de ce que le genre peux donner de meilleur. Les guitares bâtissent un mur de son et le chant s'y fait furieux. « Ordinary Story » est un peu plus calme avec un chant clair, des breaks et un piano très présent. Cette évolution du genre vers des aspects un peu plus commerciaux est une parfaite réussite qui ouvre au groupe des horizons nouveaux. Le titre éponyme fait également preuve d’innovations avec un orgue Hammond et des claviers très présents sur une base typiquement death mélodique.
En dehors du titre d’ouverture, In Flames propose d’autres morceaux purement death mélodique de grande qualité tels que « Scorn » sur lequel les deux guitaristes se livrent à de belles passes d’armes. Nous citerons également l’excellent « Coerced Coexistence » au riff de départ imparable et à la rythmique en béton armé, prouvant au passage que les nouvelles recrues se sont parfaitement intégrées. Ce titre propose un refrain énorme doublé de claviers avec un chant à mi-chemin entre calme et furie. N’oublions pas « Resin » et « The New World », deux très bons titres, typiques du style death mélodique d’In Flames ni la relecture de « Behind Space », sortie à la base sur le premier album. Cette version se retrouve sublimée pour donner un résultat très death au chant et à la batterie sur un riff de guitare ultra efficace.
« Colony » est donc un des tout meilleurs disques d’In Flames qui s’y montre particulièrement incisif et efficace. Le groupe semble parti pour tout exploser dans le genre, et les évolutions entreprises laissent à penser que ce n’est que le début d’une grande histoire.