Adagio est l’un des rares groupes de métal progressif français s’étant fait une certaine réputation au-delà de nos frontières. Formé en 2001 par le guitariste Stéphane Forté rejoint par le prodige Kevin Codfert, le combo s’est déjà distingué dans la vaste scène métal grâce à des albums comme le splendide "Underworld", sorti en 2003.
L’une des nouveautés de ce nouvel opus est peut-être l’arrivée d’un chanteur finlandais, Christian Palin. Une fausse surprise en quelque sorte puisque sa voix, rappelant d’ailleurs fortement Russel Allen, est assez semblable à celle de ses prédécesseurs, David Readman et Gus Monsanto. Il double (discrètement) ses lignes de chant avec une voix growl, et se livre à quelques hurlements qui amplifient l’atmosphère gothique de la musique d’Adagio ("Undead"), rappellant l’alternance que l’on trouvait déjà sur leur précédent opus, "Domination".
En effet, évoluant dans un univers à mi-chemin entre Symphony X et Nightwish, Adagio ne change pas sa recette principale à savoir un « spimélo » sur lequel se greffent des envolées baroques à grand renforts de claviers et de piano grandiloquent. les soli guitare-claviers sont fréquents, et affichent un facilité et une célérité insolente. De nombreux riffs, que ne renieraient pas les suscités finlandais, parsèment l’album au rythme de la double pédale effrénée d'Éric Lebailly, aussi bien capable de subtilités rares dans ce style que de phrases lourdes - plus fréquentes. De façon générale, le ton est au durcissement de la musique, comparativement à ce qu’on pouvait trouver sur "Underworld", et donc dans la continuité de leur dernier travail.
Le titre d’ouverture annonce d’ailleurs la couleur avec un riff puissant, et un chant ouvertement plus agressif. Le coté symphonique qui caractérisait "Underworld" est ici moins présent, même si l'on retrouve certaines envolées, souvent dues à l’excellent claviériste (intro de "Codex Obscura"). Les ambiances, si elles restent sombres et grandioses, sont cependant plus conventionnelles, avec des sons plus modernes et moins symphoniques ("Undead"). Le chant black que l’on croise parfois ("Twilight At Dawn" entre autres…) affiche par ailleurs un coté corrosif et agressif bien contrôlé et assez réussi. Contrairement au précédent opus, la production claire sert parfaitement l’ambiance froide de l’album.
Ce nouvel opus décevra peut-être ceux qui appréciaient la virtuosité glaciale et l’ambiance de cathédrale d' "Underworld", mais il a aussi le mérite de pousser une nouvelle porte avec l’incorporation d’éléments plus extrême, comme le chant ou des riffs plus sauvages. Sur certains titres, la recette marche à merveille, avec par exemple un "Vamphyri" plutôt efficace. D’autres titres tombent par contre un peu à plat, comme le trop classique "Fear Circus". Mais quoi qu’il en soit, les capacités de ce groupe ne sont plus à mettre en cause. Et si un goût de trop peu nous reste en bouche après l’écoute de cet album, cela ne l’empêche pas d’afficher de très bons moments et de nous rendre optimistes concernant leur futur.