Avec "Colony", In Flames a enfoncé le clou et a ainsi prouvé qu’il était bien plus qu’un groupe de passage et qu’il faudrait compter sur lui à l’avenir parmi les leaders métallique internationaux. Le nouvel album du groupe arrive en 2000, très rapidement après "Colony", preuve de l’énorme confiance des Suédois en leur musique et en leur capacité à avancer et à faire mieux. Pour produire "Clayman", le groupe conserve une fois de plus son studio fétiche et Fredrik Nordström aux manettes et les compositions ont été comme d’habitude écrites par le duo en or, Strömblad et Gelotte.
"Clayman" apparait comme le disque le plus pensé et réfléchi du groupe. Tout y est parfaitement calibré pour fonctionner le plus efficacement possible, au détriment d’une certaine spontanéité présente sur les premiers albums. "Clayman" sonne comme la parfaite alchimie des quatre premiers opus, regroupant ainsi tous les éléments qui ont fait la force du groupe. L’aspect heavy métal y est prépondérant, surtout au niveau des guitares qui rappellent souvent Iron Maiden ou Judas Priest pour les envolées mélodiques. Les refrains sont particulièrement travaillés et vocalement Friden fait encore des prouesses. Les claviers et les vocaux clairs sont privilégiés sur plus d’un titre et les samples commencent doucement à faire leur apparition ici et là.
Si tous ces éléments rendent cet album très accessible avec un aspect death métal pur ayant pratiquement disparu et ne subsistant que par certaines parties de batterie et de guitare, ainsi que par les parties de chant hurlés, "Clayman" est sans doute le disque le plus représentatif de ce qu’était In Flames dans la première partie de sa carrière. Une sorte d'aboutissement avant de passer à autre chose et de continuer à évoluer, comme un pont tendu entre deux époques.
La somptueuse pochette, représentant une œuvre de Léonard De Vinci, contribue fortement à cette impression de plénitude que le groupe semble vouloir donner, notamment en raison de ses couleurs flamboyantes. L’aspect de surprise est en grande partie absent, mais ce "Clayman" s’annonce malgré tout absolument imparable à tous les niveaux, tant chaque titre semble avoir été pensé pour s’imposer comme un tube en puissance.
La majorité des titres alternent passages calmes et passages plus heavy ou légèrement death. Les titres purement brutaux sont rares, et nous trouvons même des morceaux lents dans leur quasi-intégralité, ce qui est une première pour le groupe.
Le disque commence avec un "Bullet Ride" énorme, qui mixe à merveille toutes les facettes du groupe. Démarrant par un riff bien heavy avant que le chant clair ne se mette de la partie sur une mélodie plus douce, le titre alterne par la suite chant clair et hurlé avec une musique tour à tour très mélodique puis bien heavy... Une recette efficace qui va se répéter donnant bien l’impression qu’In Flames cherche à rassembler un public très large.
C'est ainsi le cas avec le très bon "Pinball Map", musicalement très marqué heavy métal classique, ou avec l’imparable "Only For The Weak" qui a tout d’un futur hit en concert tant sa mélodie est entrainante. Si le chant clair y est omniprésent et se marie très bien au rythme de la chanson, les deux guitaristes ne sont pas en reste et s’en donnent à cœur joie niveau soli et riff heavy.
Avec "Square Nothing", nous avons affaire à un titre en partie lent, avec juste quelques envolées brutales, sur lequel le groupe montre de réelles capacités pour ce style. C'est également le cas sur "Satellites And Astronauts", tube en puissance de l’album, qui pourra toucher un large public tant il est facile d’accès avec son riff acoustique et ses voix chuchotées. Même les vocaux plus death ne gênent guère pour qui n’en à pas l’habitude, tant le tout est très bien intégré mélodiquement. Entourant ce titre - comme pour le faire mieux accepter aux fans - quelques morceaux plus rentre-dedans sont proposés, bénéficiant eux aussi de quelques innovations. Sur "As The Future Repeats Today", quelques claviers et samples sont perceptibles, alors que "Clayman", le titre le plus dur du disque, se voit aussi garni de samples ainsi que d’effets sur les voix. C’est également le cas de "Brush The Dust Away", dont les voix claires sonnent quasiment pop pour un résultat assez surprenant mais réussi.
"Clayman" est donc le disque de la maturité qui montre un In Flames ayant envie de voguer vers d’autres horizons en laissant un peu de côté le death métal mélodique qui a fait son succès. Si la suite de la carrière du groupe s’annonce ainsi passionnante, ce changement de cap va cependant provoquer la controverse chez les fans qui ont déjà eu du mal à accepter les innovations présentes depuis "Colony".