Nouvel album pour In Flames, deux ans après un « Clayman » qui lui avait ouvert de nouveaux horizons musicaux. Entre temps, le groupe a sorti son premier CD live, « The Tokyo Showdown », assez sympathique mais manquant un peu de chaleur. Un live est souvent l’occasion pour un groupe de faire le point sur sa carrière avant de repartir de plus belle, et c’est le cas pour In Flames. Car, comme « Clayman » pouvait le laisser présentir, c’est un groupe en pleine mutation que nous retrouvons sur ce 6ème album, et, même si le line-up reste le même, In Flames continue son évolution, avec un F. Nordstörm laissant la place de producteur à Daniel Bergstrand.
L’évolution est également visuelle avec une pochette très soft et artistiquement très recherchée, de même que le logo encore moins agressif que celui adopté depuis « Whoracle ».
Enfin, musicalement, même si les racines heavy sont encore bien là, ainsi que les guitares bien en avant, nous découvrons de nombreux passages chantés, pas mal d’effets musicaux assez modernes, des passages carrément pop ainsi que des samples et des claviers. C’est donc bel et bien une nouvelle carrière qu’entame In Flames avec « Reroute To Remain », abandonnant le costume trop étroit de leader de la scène death mélodique à Dark Tranquillity, revenu à ses racines, Arch Enemy ou encore Amon Amarth qui s’affirme de plus en plus comme un des futurs grands du genre.
Le groupe souhaite toucher un public plus large et continue à évoluer sans trop se retourner sur quelques fans n’appréciant guère ces changements. La démarche semble sincère même si une certaine volonté d’attraper un peu le train de la mode musicale en route peut parfois être soupçonnée. Le résultat n’en est pas moins convaincant, ce nouveau style et ce nouveau son collant parfaitement à la formation suédoise qui apparaît plus conquérante que jamais.
Nous avons donc affaire à de très bons titres, même si quelques remplissages côtoient de véritables singles en puissance.
Le son, qui pouvait être source d’inquiétude avec le changement de studio, est absolument énorme, puissant et surtout résolument moderne. Dès « Reroute To Remain », qui ouvre l’album, nous prenons la mesure du palier que vient de franchir le combo. si les vocaux hurlés sont au rendez vous, tout comme le mur de guitare caractéristique, le solo du titre est très court et largement moins démonstratif que dans le passé. De plus les effets sur le chant sont très nombreux, tout comme les sons musicaux modernes qui parcourent la quasi intégralité du titre.
Une fois la surprise passée, il est impossible de ne pas être séduit par ce nouveau style et par ce titre dotés d’un refrain énorme qui prouve une fois de plus les immenses capacités vocales d’Anders Friden, grand bénéficiaire de cette évolution. Le refrain et les couplets de « Trigger » donnent par exemple un aperçu du talent du chanteur. Le bonhomme passe d’un chant hurlé à un chant plus posé et parfois même doux, avec une facilité déconcertante, même sur les passages un peu trafiqués qui lui donnent des airs plus robotiques.
Toute la première moitié de l’album est ainsi absolument indispensable, suivant le même genre de schéma que le titre d’entrée avec quelques variantes plus mélodiques ou plus brutales. De « System » à « Drifter » en passant par « Trigger » ou « Dawn Of A New Day », In Flames fait un sans faute avec des titres à la fois violent et accessibles pour un public large. C’est le cas de « System » qui démarre de manière assez brutale avant qu’un break mélodique ne vienne donner une dimension supplémentaire au titre, et qu’un refrain énorme aux vocaux clairs ne finisse d’achever l’auditeur.
Avec « Drifter », nous retrouvons en partie un aspect death par des parties de batterie très rentre-dedans et bien mises en avant, mais le tout sur une base très moderne du meilleur effet, avant un bon solo, ces derniers étant devenus plus rares mais appréciables et loins de toute démonstration inutile.
Dans cette première moitié ressortent aussi donc « Dawn Of A New Day » et « Cloud Connected ». Le premier retrouve les accents acoustiques chers au groupe et est une belle réussite entièrement mélodique. Quand au second, il a tout du tube en puissance avec son énorme riff d’entrée qui a tout pour cartonner en concert, surtout avec les petits sons électroniques qui courent en parallèle, le tout avant un refrain ultra efficace et très rassembleur.
La deuxième partie du disque est un peu moins imparable et efficace, la recette restant souvent la même mais fonctionnant parfois un peu moins bien. Ainsi, « Ergonomic » est un peu court et un peu convenu, et « Black & White » est assez banale.
Néanmoins, nous y trouvons encore de très bons titres, comme « Minus » et sa bonne partie de chant, ou encore le plus nuancé « Dismiss The Cynics », l’un des tout meilleurs titres du lot, à la fois puissant et très doux.
Il faut enfin citer « Free Fall » et sa mélodie entêtante ou l’acoustique « Metaphor », moins imparable que « Dawn Of A New Day » malgré tout.
« Reroute To Remain » est donc un autre excellent cru des suédois. En choisissant d’évoluer sans renier ses racines, In Flames prouve quel grand groupe il est, et le succès commercial énorme qu’il va rencontrer va largement conforter le groupe dans ses nouvelles options.
Pour le moment, In Flames évite l’écueil consistant à privilégier quelques singles au milieu de titres de remplissage. L’avenir nous dira si In Flames réussira à garder ce cap.