Groupe référence de la NWOBHM, Def Leppard a franchit un premier palier en 1981 avec l’album « High’n’Dry » produit par John « Mutt » Lange, déjà responsable de succès tels que « Highway To Hell » et « Back In Black » d’AC/DC ou « 4 » de Foreigner. Deux ans plus tard, le combo de Sheffield nous revient avec son troisième opus intitulé « Pyromania » sur lequel le producteur s’est impliqué jusque dans la composition. L’autre fait marquant est le départ du guitariste Pete Willis, remplacé par Phil Collen. Ce dernier n’est pas un inconnu pour avoir officié au sein du combo glam Girl, et surtout pour avoir failli remplacer Dennis Stratton dans un petit groupe du nom d’Iron Maiden, ceci avant qu’Adrian Smith ne lui ravisse le poste sous le nez. Voilà donc le décor planté pour présenter ce qui reste comme un monument du Hard Rock Mélodique, chaque détail de cette présentation ayant son importance.
En effet, l’implication de John « Mutt » Lange dans la composition n’est pas étrangère à l’évolution de la musique des Leps, et pas seulement au niveau du son qui deviendra la marque de fabrique du groupe et de son producteur. Chaque instrument est minutieusement travaillé, et les harmonies de guitares de Clark et Collen, ainsi que les chœurs prennent une amplitude jamais atteinte jusque-là. La montée en puissance du solo de « Die Hard The Hunter » en est le parfait exemple, jouant presque uniquement sur les nuances des harmonies des deux guitares sans même tenter de démonstration technique. Pour en finir avec le son, nous noterons également la présence de claviers et d’effets sonores pouvant étoffer certains titres (« Billy’s Got A Gun »), en alléger d’autres (« Photograph »), ou enfin en illustrer d’autres, comme les sons synthétiques d’explosions guerrières en introduction de « Die Hard The Hunter » ou le faux-live d’ouverture de « Stagefright ». Comme pour le reste de la production de cet album, ils réussissent à être à la fois discrets, précis et incontournables.
Mais la production ne serait rien sans une qualité de composition évidente et ce n’est pas pour rien si « Pyromania » est un véritable concentré de hits, dont certains passeront en heavy-rotation sur MTV (« Photograph », « Foolin’ » ou « Rock Of Ages »). Def Leppard opère toujours dans un hard-rock dynamique et mélodique et des titres tels que « Rock Rock (Til’ You ) », « Stagefright » ou « Action ! Not Words » restent assez proches des compositions de « High’n’Dry ». Par contre, avec les principaux hits de cet album, les quintet britannique et son producteur donnent naissance à ce qui deviendra le Pop-Métal. Que cela soit « Photograph » avec ses couplets hard-rock et son refrain popisant, le plus sombre « Too Late For Love » avec son refrain entêtant, « Foolin’ » et ses faux airs de power-ballade ou « l’irrésistible et sautillant « Rock Of Ages », tous défrichent de nouveaux territoires musicaux situés entre la puissance et le dynamisme du Hard-Rock et la mélodie et les arrangements du Hard FM.
Si l’on rajoute à toutes ses qualités, celles des instrumentistes, c’est à un album légendaire que nous avons affaire. En effet, si Rick Allen défriche un son de batterie électrique, Joe Elliot nous offre une véritable démonstration. Lui qui semblait chercher sa voix sur les précédents albums, est capable d’alterner puissance et délicatesse. Sa performance sur « Too Late For Love » en est la parfaite démonstration. Enfin, si nous avons déjà glorifié la paire guitaristique, nous n’oublierons pas le travail de Rick Savage, que cela soit derrière sa basse, et encore plus dans sa participation aux chœurs. Vous l’aurez donc compris, « Pyromania » est à la fois incontournable pour ses qualités artistiques, et pour son rôle précurseur. En effet, il n’est pas courant de voir un jeune groupe créer à la fois un style et un son et rencontrer le succès au niveau planétaire par la même occasion. Et dire que le meilleur est encore à venir !