Skid Row sans Sebastian Bach ? Impossible ! Même si le chanteur du gang du New Jersey ne participait que très rarement à l’écriture des titres du groupe, la qualité de sa voix et son charisme faisaient de lui le leader reconnu du groupe. Et pourtant après une reformation en 1999, avec le nouveau chanteur Johnny Solinger et le nouveau batteur Phil Varone (ex Saïgon Kick), Skid Row repart sur les routes et sort un nouvel album en 2003, plus de 8 années après le médiocre « Subhuman Race ». Autant dire que la partie n’est pas gagnée d’avance.
Et pourtant, le résultat n’est pas aussi mauvais que ce que nous craignions. Certes, la voix de Solinger n’égale pas celle du Bach, dont elle diffère considérablement. Mais le chanteur possède tout de même un timbre de voix très puissant et agréable à écouter. Au niveau du son, une nette amélioration est notable par rapport à « Subhuman Race », même si l’ensemble, très compact, manque encore un peu de finesse. Même constat au niveau des compositions ; nous sommes là un cran au dessus des titres de « Subhuman Race ». Pour autant, il n’est pas très aisé de faire ressortir une chanson du lot. Tout au plus pouvons-nous citer le très bon « Thick Is The Skin » qui fait tout de même figure de nouveau classique, le furieux « Hittin A Wall » et le très beau « Born A Beggar », initialement enregistré par Ozone Monday, le projet de Sabo, Bolan et Hill durant le split de Skid Row.
Si les autres compositions sont correctes mais un peu passe partout, il en va autrement de l’interprétation. Nous retrouvons là un groupe qui semble prendre du plaisir à jouer et qui ne s’économise pas. Ce plaisir est vraiment palpable et c’est lui qui donne ce petit plus qui fait de « Thickskin » un album bien supérieur à « Subhuman Race » et ses chansons expédiées en pilotage automatique. Que dire de la ré-interprétation de « I Remember You », que l’on trouvait déjà sur leur premier album ? L’orientation bien plus « punk » de ce titre est assez surprenante, mais le résultat est plutôt amusant. Difficile tout de même de passer après Sebastian Bach lorsqu’il est à son meilleur niveau.
Commercialement, l’album a été un échec. Il est en effet difficile de gommer un changement de chanteur et 8 années d’absence. Cependant, au niveau artistique « Thickskin » possède de beaux atouts. Au-delà du talent de compositeur de la paire Bolan / Sabo (crédités sur tous les titres), c’est l’envie de jouer que démontrent les musiciens qui donne à cet album le petit plus qui fait secouer la tête.
L’écoute de cet album fait naître deux questions : Tout d’abord la plus naïve : pourquoi Skid Row a -t-il conservé son nom ? L’ombre de Sebastian Bach plane toujours sur le Skid, et ce lourd héritage aurait peut être été plus facile à gérer si le groupe avait ouvertement fait table rase de son passé. En effet, même si Solinger est un bon chanteur, il lui manque cette folie et ce coté « too much » de Bach. Et enfin, pourquoi la carrière de cet exceptionnel chanteur qu’est Sebastian Bach, est au point mort depuis son départ de Skid Row ? La réponse est certainement à chercher dans le fait que ce n’est pas un compositeur (sur l’ensemble des 3 premiers albums il n’est (co) crédité que sur 6 titres) et qu’au sein de Skid Row, la partie artistique était, et est, le domaine de la paire Bolan & Sabo, épaulés parfois par Scotti Hill. Au final, un album très correct, surtout au regard du contexte dans lequel il est arrivé sur les platines.