Trois ans. Il aura fallu trois ans à Crimson Glory pour donner un successeur à leur premier opus éponyme qui affichait déjà une qualité remarquable. Le groupe, originaire de Floride, évolue dans un heavy métal théâtral, comme l'indique le port de masques sur scène, d'où la grandiloquence de certaines compositions. C’est presque la même équipe qui s’attelle au nouvel opus, puisque seule l’arrivée d’un claviériste est à noter. Le fameux cap du deuxième album sera-t-il une épreuve pour ce groupe américain, ou parviendront-ils au contraire à confirmer les espoirs placés en eux ?
Le premier titre annonce la couleur. Un titre heavy et burné, aux lignes de chant efficaces, agressives, et mélodiques. Nous sommes bel et bien en plein territoire métal. Loin de se cantonner dans les stéréotypes du genre, Crimson Glory tente de délivrer le meilleur d’eux même. En témoignent, entre autres, les hurlements suraigus de Midnight sur "Red Sharks", le jeu de batterie de bucheron de Dana Burnell qui rappelle celui Scott Travis dans son agressivité, ou encore l'ambition de certaines compositions ("Transcendence"). Les guitares sont rythmiques et heavy. Tout est là pour un bon album de métal.
Le ton s'adoucit même parfois, sur "Painted Skies" ou "Burning Bridges", et ce avec brio. Sur ce dernier titre ou sur le morceau éponyme, le clavier est plus en avant, et l’on découvre un métal quasiment progressif, aperçu également dans le premier album. La force de Crimson Glory est aussi là. Les ambiances se succèdent avec authenticité et naturel. Une balade agréable peut enchainer sur un riff mortel sans que s’installe le moindre doute : il s’agit bien du même groupe.
Mais la plus grande force de Crimson Glory, c’est sans doute de n’avoir presque aucune faiblesse. La production, d’autant plus pour l’époque, est excellente. Le son de batterie, net et sec, donne beaucoup d’impact aux passages heavy. Les guitares sont rageuse mais maitrisées, le chant ne se perd pas en superposition, les arpèges sont clairs et tranchants. Ce son semblerait encore moderne à l’heure actuelle, ce qui constitue une remarquable performance.
Vingt ans après, "Transcendence", ainsi que l’œuvre globale de Crimson Glory, n’a toujours pas eu l’écho qu’il méritait (même, et curieusement, au sein de la communauté heavy…). Pourtant nul doute que nous tenons ici un grand moment de heavy métal, dont il serait dommage de ne pas profiter.