Bien que le Pays de Galle se distingue logiquement d’un point de vue médiatique au moment du tournoi des six nations, c’est aussi la patrie d’origine de Lethargy. Ce groupe, à ne pas confondre avec son homonyme américain, s’est formé en 2001 et a même publié un premier album en 2005. Mais c’est sous l’impulsion due à la récente signature avec le label Powerage Records que nos quatre gallois déboulent avec "Purification", leur deuxième album.
Dès la première écoute, une interrogation pour le moins bien fondée vient immédiatement titiller les neurones : sommes-nous revenus au début des années quatre vingt dix, période propice à la mise en lumière d’une vague rock issue du Nord ouest des Etats-Unis et dont Seattle en fût la capitale ? En tout cas, Lethargy ne pas renier que la principale dominante de son univers musical demeure bien entendue le "grunge". Néanmoins, ce contexte est très habilement mixé autour d’un hard rock d'inspiration seventies plus traditionnel sur lequel s’ajoute un soupçon de sonorités orientées vers le "stoner". Il ne manque plus que la petite touche progressive (après tout, pourquoi pas ?) pour tenter de rafler la mise en terme de diversité musicale.
Pourtant, "Purification" ne se résume pas aussi simplement à cette variété de styles. Car les onze titres s’enchaînent de manière logique, et qui plus est sans véritablement se ressembler. Et pour cause, Lethargy envoie de la puissance pure en guise de mise en bouche avec "Stealth" et son gros riff de six cordes bien décapant, tout en se permettant un véritable bond dans les ninties sous les auspices du grungy "14 :9". Le duo vocal assure ses parties de manière fort complaisante, aussi bien en chant clair qu’en intonations plus éraillées. La section rythmique bénéfice d’une aisance quasi idéale pour donner la réplique à des solistes inspirés et talentueux, comme le démontrent des titres bien "groove" et entraînants comme "Inertia" ou encore "Bleachin’ Bones". Et en ce qui concerne l’effluve progressive, le morceau "I See Mans End In His Construction" répond logiquement à des critères que même un Steven Wilson et son groupe Porcupine Tree ne pourraient qu’encourager.
Les autres morceaux complètent ce nouvel album de manière certes moins catchy mais avec cependant une fibre mélodique et une énergie toujours bien présentes en particulier au moment des soli. Malgré cet indéniable point fort, les influences de Lethargy, tout en étant respectueusement maîtrisées, n’en restent encore que trop prépondérantes. L’ombre de géants du mouvement grunge comme Pearl Jam ou Soundgarden se profile de manière explicite et quasi systématique tout au long de "Purification".
Pourtant, il serait quand même bien dommage de passer à côté de cet opus qui, outre sa pluralité, suit une ligne de conduite toute tracée vers un hard rock bien huilé et sévèrement accrocheur. Il ne manque plus qu’à cette formation galloise d’accroître son potentiel identitaire pour en faire un véritable groupe de tout premier plan. Tous ces éléments conjugés font de "Purification" une nouvelle carte de visite au contenu très prometteur. Lethargy mérite donc des encouragements, ne serait-ce que pour démontrer de manière éclatante que ce nom à consonance francophone prend une toute autre définition lorsqu’il se confine dans une atmosphère réactualisée à l'éffigie du "modern rock" consistant et plein d’entrain.