Treize mois auparavant, Metallica lançait un énorme pavé dans la mare des musiques métalliques avec un "Kill 'Em All" hargneux, rapide, violent. Le paysage musical en fut bouleversé, et il sera alors fréquent d’entendre que Metallica venait d’inventer le Thrash métal, au coté de groupes comme Slayer, Megadeth ou Anthrax. Metallica était donc forcement attendu au tournant.
La réponse du groupe à ces interrogations prend tout le monde à revers. En effet, les progrès affichés par Metallica en l’espace de quelques mois sont effarants. Le chant de James Hetfield est bien plus soigné, et permet au groupe des lignes de chant plus travaillées, comme sur "Fade To Black". Lars Ulrich sort petit à petit du jeu stéréotypé du premier opus et anime les chansons de façon plus efficace ("Call Of Ktulu"). De plus une évolution stylistique éclate au grand jour. En effet, si les moments forts du thrash rapide de "Kill ‘Em All" sont encore présents sur "Fight Fire With Fire" ou "Trapped Under Ice", les américains se permettent des morceaux plus construits, à l’image du pesant "For Whom The Bell Tolls", ou du formidable instrumental qu’est "Call Of Ktulu", dans lequel les plan s’enchainent avec ingéniosité.
Le groupe ose même une ballade, et malgré quelques détracteurs, il s’en sortira plutôt bien. En effet, "Fade To Black" est un grand classique de Metallica, et son solo parfaitement maitrisé prouve les progrès de Kirk Hammett ainsi qu’une polyvalence que personne ne pouvait lui soupçonner jusqu’alors. Les parties de guitare sont d’ailleurs mises en valeur par la production impeccable de Rasmussen (qui sera leur producteur attitré jusqu'à "And Justice For All"). Ainsi le coté mélodique de certaines chanson, telles "Creeping Death" ou "Ride The Lightning", est parfaitement retranscrit sans perdre pour autant l’agressivité, parfois encore adolescente, du groupe.
L’intelligence nouvelle de Metallica concerne également l’agencement des chansons, qui permet une écoute fluide, et qui servira d’ailleurs de modèle pour les albums suivant. Les thèmes abordés sont également plus fouillés et détache l’étiquette « garage band » qui colle à Metallica. Les maisons de disques ne s’y tromperont d’ailleurs pas, Eleckra signant le groupe peu de temps après la première sortie par le label Megaforce.