Deux ans après son quatrième opus, Yngwie revient avec un tout nouveau groupe entièrement suédois. Même les frères Johansson (pourtant présents depuis le premier et le second album) ne font plus partie de ce qui ressemble de moins en moins à un groupe, et de plus en plus à un rassemblement de mercenaires. Le plus bel exemple vient de Göran Edman qui peut se targuer d’avoir été chanteur dans 21 groupes différents en 24 ans, sans compter les apparitions en tant qu’invités ou choriste.
L’orientation FM amorcé avec ses deux précédents albums (les très bons « Trilogy » et « Odyssey ») est confirmée. L’album est truffé de titres ouvertement taillés pour les radios américaines comme 'Making Love' et son refrain facile, 'Save Our Love' une ballade assez traditionnelle dans la forme, mais néanmoins fort réussie ou encore 'What Do You Want'… . Les claviers sont plus présents que par le passé, et surtout moins empreints de sonorités pouvant faire penser à de la musique Classique.
Cependant, l’album recèle également des petites pépites bien plus speed à l’instar de 'Demon Driver', 'See You In Hell (Don't Be Late)', ou 'Motherless Child' dans lequel le Maître suédois fait référence au décès de sa mère. A l’image de ce dernier titre, beaucoup de morceaux sont porteurs de tristesse, de rancœurs, ou de colère, notamment à l’encontre de sa maison de disque. Cet album sera d’ailleurs le dernier avec Polydor, Yngwie signant pour l’album suivant un très gros contrat pour 6 disques avec Elektra. Nous retrouvons là le côté un peu immature du suédois qui avait déjà composé un morceau pour se plaindre du manque de loyauté de son ancien bassiste live, Marcel Jacob ('Liar'). De fait, les paroles restent assez anecdotiques.
A l’exception de 'Devil In Disquise' et 'Demon Driver', écrites avec Erika Nordberg, une chanteuse pop suédoise qui deviendra sa première épouse, tous les titres ont été co-écrits avec le nouveau chanteur, Göran Edman (ex John Norum). Celui-ci s’acquitte fort bien de sa tâche, chose peu aisée lorsque l’on doit succéder à des pointures comme John Lynn Turner et Jeff Scott Soto. La rumeur prétend qu’il sera nettement moins efficace lors des tournées qui suivront.
L’ensemble des titres est de très bonne facture. Notamment, 'Judas', 'Save Our love', 'Devil In Disguise', 'Bedroom Eyes' et sa pédale d’effets aux tonalités Hendrixiennes, ou 'Eclipse', le seul instrumental de l’album. Seuls, 'What Do You Want' et 'Fautline', sont un ton en dessous en terme de qualité. Sans être foncièrement mauvais, ces titres n’apportent pas grand-chose.
Bien que légèrement inférieur à ses prédécesseurs « Eclipse » reste un (sinon le) des derniers grands albums de Zigwigwie. La suite sera en effet bien plus décevante.
Et puis surtout, vous avez avec cet album, la seule pochette non répulsive du Suédois… Un exploit au regard du mauvais goût du bonhomme en la matière.