Mes chers enfants, pour commencer cette nouvelle année, je vous demanderais d'ouvrir votre Batencyclopédie à la page 396. Nous allons aujourd'hui nous pencher en effet sur la définition du syndrôme dit de PF, ainsi nommé en référence à un chevelu qui affolait les jeunes filles en 1976 avec son Show Me The Way et qui, malgré de nombreux albums studio sortis depuis, s'évertue à préférer la scène et la sauvegarde d'une set-list vieille de 30 ans aux studios d'enregistrement.
Ce grand homme par le talent a fait de nombreux adeptes qui affichent eux-aussi leur préférence à la scène, dans des styles parfois radicalement différents. Citons en particulier Umphrey's Mc Gee, dont les prestations live sont assez ahurissantes de festivité, mais également 3rd Degree qui, si l'on en croit sa discographie, est plus prompt à aller voir son public qu'à s'enfermer dans un studio.
12 ans ! C'est l'attente depuis le dernier opus studio de ce groupe né en 1990 dans le New-Jersey. Leur musique est-elle pour autant dans le même créneau ? Loin s'en faut, quoique l'on remarquera de nombreuses similitudes entre 3rd Degree et Umphrey's Mc Gee, dans le format des chansons d'abord mais aussi dans une certaine propension à changer radicalement de style et inclure des éléments discrets mais originaux dans leurs chansons (le rythme de Scenery, la petite clochette qui amène une certaine légèreté à ce morceau et le travail tout en feeling sur la voix).
3rd Degree fait donc dans le rock formaté autour des 5 minutes, un peu trop pour passer en radio mais idéal pour une bonne soirée sur une scène dans une ambiance plutôt intimiste. Tout en étant facilement accessible, la musique de cette formation revêt une grande richesse qui rappelle les vieux Gentle Giant ou, plus récemment, les suédois de Beardfish.
Pour se persuader de la volonté d'ouverture de ces musiciens, il suffit de lire les références affichées du groupe, allant de Supertramp à King Crimson ou Yes en passant par Tears For Fears. Après, c'est à vous de faire le tri et j'offre en particulier un panier garni à celui ou celle qui sera capable de me dire où l'on peut entendre un tant soit peu de King Crimson ou de Yes là-dedans.
Au chapitre des pépites, on ne se lasse pas de l'esprit jazzy d'un It Works, du groove là-encore jazzy de Cautionary Tale, du feeling de Scenery suivi immédiatement par le rock à la fois hargneux et festif de Free For All. Puis le bonheur est enfin total avec ce The Last Gasp qui, comme le dit un confrère, cité par 3rd Degree eux-mêmes, donne irrésistiblement envie de reprendre tout cela au début.
Sans être forcément l'album qui m'aura donné la baffe de ce début d'année, voila une bien bonne façon de l'entamer. Ca réchauffe les oreilles, on en a bien besoin en ce moment et c'est beaucoup plus seyant que deux grosses moumouttes bleues de chaque côté de la tête.