"Voodoo Circle" est le premier album du tout nouveau projet du guitariste allemand Alex Beyrodt. Ce dernier est bien connu dans le monde métallique international pour ses participations à divers groupes, dont Sinner de 1992 à 2000, puis Silent Force depuis 2000, avec DC Cooper l’ex chanteur de Royal Hunt. Il a également participé à la dernière tournée de Primal Fear en 2007. Il est aisé de deviner à la lecture des ces noms que Beyrodt se situe dans une mouvance métal mélodique influencée à la fois par Yngwie Malmsteen et Ritchie Blackmore, les deux maîtres du genre.
Avec Voodoo Circle, le guitariste à ainsi l’occasion de rendre hommage à ses deux influences majeures. Pour ce faire, il a réuni autour de lui du beau monde, à commencer par Matt Sinner à la basse, avec qui il a joué dans Primal Fear et Sinner. Le chant est confié à l’excellent David Readman, qui a évolué dans Adagio et qui fait actuellement les beaux jours de Pink Cream 69. Enfin, nous retrouvons, à la batterie, le très bon Mel Gaynor qui a joué avec Gary Moore, Simple Minds ou encore Bryan May.
Ce premier album présente donc un métal néo-classique avec pas mal d’influences hard rock, comme un mix entre Malmsteen et Rainbow, époque Joe Lynn Turner.
Et ce disque, hommage avoué et assumé à ses maîtres, est une excellente surprise à tous les niveaux, tant la qualité est au rendez-vous. Et même si l'on a parfois l’impression d’écouter "Odyssey" de Malmsteen, la sensation n’est nullement gênante tant le résultat est de qualité.
En effet, Beyrodt et son groupe réussissent à présenter une parfaite alchimie du genre, à la fois très mélodique, presque FM parfois, et technique, mais sans jamais tomber dans une surenchère stérile. La guitare de Beyrodt ne prend jamais toute la place dans la structure des titres et laisse les autres musiciens s’exprimer à leur aise, ce qui permet à la section rythmique d'être à l’honneur avec une classe énorme. C'est également le cas de Readman au chant, qui prouve qu'il n’est pas qu’un simple faire valoir face aux parties instrumentales. L’homme a une classe formidable et habille chaque titre d’une chaleur communicative ainsi que d’un feeling énorme.
Enfin, l’excellente production du disque permet de bien saisir chaque moment du disque, avec un son très clair et très puissant à la fois.
Il n’y a donc rien au jeter dans les 13 titres qui composent cet opus et le tout devrait ravir les amateurs du genre qui vont retrouver avec plaisir les grandes heures du hard rock mélodique du début et du milieu des années 80. Plusieurs morceaux sortent du lot, à commencer par le titre d’ouverture "Spewing Lies" et son intro classique qui précède un riff énorme digne du maître suédois, le tout sur d’excellentes parties de chant. Nous noterons également de discrètes, mais efficaces, parties de claviers qui accompagnent bien les descentes de manches de Beyrodt, ce dernier dégainant un premier solo tout en shreed, mais suffisamment court pour ne pas être trop pesant. Il s'agit d’ailleurs d'une constance sur l’album.
Nous retiendrons ensuite un "Desperate Heart", très Rainbow dans le chant, et donc plus hard rock dans l’âme, avec un refrain assez FM très efficace, tout comme "Kingdom Of The Blind" ou le plus rock "Man And Machine". L’intro de ce dernier n'est pas sans rappeler ce que proposait Ritchie Blackmore avec Rainbow sur "Stranger In Us All" en 1995. La preuve de cette filiation évidente est la présence de Doogie White, chanteur de Rainbow à cette époque, invité sur "Dream Of Eden". Ce titre en duo avec Readman est absolument énorme. Il est, de plus, rehaussé par la présence aux claviers de Richard Andersson, et ses interventions à l’orgue Hammond donnent une couleur 70’s savoureuse à ce titre. Ce mid-tempo est sans aucun doute la perle de l’album, rappelant le meilleur du genre, entre Dio, Purple et Rainbow, le tout avec deux chanteurs en état de grâce.
Nous n'oublierons pas la power ballade, exercice habituelle du genre, "Master Of Illusion", qui est une belle réussite tout en feeling avec un Readman très posé et efficace dans le genre.
Chaque titre apporte son lot de surprises et de filiations avec les grands du genre, mais sans qu'on ne puisse crier au plagiat. "We’ll Never Learn" et "Enter My World Of Darkness" en sont de parfaits exemples, avec des passages arabisants et un peu plus sombre qui sont tous les deux dignes d’un "Long Live Rock’n’Roll" de Rainbow, tant par le chant que par la musique. Nous n'oublierons pas l'incontournable exercice instrumental, "White Lady Requiem", qui permet à Beyrodt de s’en donner à cœur joie dans une sorte d'hommage à Malmsteen, et prouve encore une fois ses immenses qualités dans le genre.
Ce premier album de Voodoo Circle est donc une parfaite réussite. Plus qu’un vibrant hommage aux grands anciens, il arrive à nous faire revivre les grandes heures du passé avec brio et humilité. Car, et c’est un atout majeur du disque, il ressort une âme et un esprit de groupe que même Malmsteen semble avoir perdu depuis quelques albums.
Ce disque devrait en tout cas ravir les amateurs du genre et faire oublier le bien fade "Perpetual Flame" du Suédois.