On ne nous dit pas tout ! Le « Plus Grand Groupe de Rock ‘n Roll » sort sont huitième album studio « Get It Together » et personne ne semble au courant. Bon, après vérification, ce titre n’est pas le résultat du dernier référendum de Music Waves, mais bien celui, autoproclamé, des Supersuckers. Mais avec ce titre et un nom pareil, ne placent-ils pas la barre trop haut ?
Mais non, ces Américains sont manifestement des adeptes du second degré, voire plus, et heureusement, leur musique ne se prend pas au sérieux non plus. Ils officient en fait, depuis 20 ans, dans un style bien rock parsemé d’influences country, blues, voire punk.
Cet album ne fait pas exception à la règle, et délivre, une douzaine de titres très variés, dépassant très rarement les 4 minutes. La plupart sont rapidement et franchement accrocheurs et l’ambiance y est à la bonne humeur. Certes les influences ne sont pas dissimulées et certains plans sonnent déjà entendus, voire pompés, mais quand c’est fait avec talent, c’est appréciable. Écoutez par exemple « Anything Else »... Il pourrait sortir tout droit d’un album de Calvin Russel, mais il fait mouche, alors, ne boudons pas notre plaisir. Et il y en a d’autres... D’ailleurs si quelqu’un me trouve le riff de « Paid », je suis preneur.
Calvin Russel, la voix d’Eddie Spaghetti s’en rapproche fréquemment, après s’être un peu croisée avec celle de Johnny Cash. Et qui dit Johnny Cash, dit country music, et là aussi quelques morceaux s’en inspirent comme la ballade « Breaking Honey’s Heart », avec un harmonica du plus bel effet. Au rayon des titres à écouter en priorité, il ne faudra surtout pas louper « She Is Leaving », on ne peut plus « catchy », ou encore le popisant « Sunset On A Sunday ».
Quelques rythmes punk s’y introduisent également, comme ceux de « I’m A Fucking Genius » ou « I Like It All, Man », mais s’ils apportent de la variété, on est quand même loin des Ramones. Et c’est un peu le défaut principal de cet album. Car tant qu’à faire dans le garage band, les Supersuckers restent trop propres sur eux. Où se cache l’odeur de cambouis, celle de la sueur ? Pourquoi les soli ne sont-ils pas plus gras et la voix plus crade ? Tout cela semble parfois un peu calculé et pesé, pas assez déjanté. Nos supersuckers font leur boulot, mais un peu trop mécaniquement.
Voilà donc un groupe et un album qui ne vont pas révolutionner la musique rock, ni par leur originalité, ni par la virtuosité de ses membres. Mais on se surprend à les réécouter avec plaisir et ils doivent sans doute prendre une autre dimension sur scène dans une petite salle, une bière à la main. Alors préparez vous et jetez-y déjà une oreille, mais attention, elle risque d'y rester accrochée.