« Miosis » est le terme médical pour décrire la constriction de la pupille en réponse à une exposition lumineuse. C’est aussi, depuis 2005, le nom d’un quintet suédois qui s’est tout d’abord fait un nom lors de ses prestations en concert en Suède avant de connaitre une reconnaissance plus large avec sa première démo Konvolut. C’est chez Lion Music, label assez éclectique, que leur premier véritable album, Albedo Adaptation est distribué, prêt à inonder le marché de sa musique sombre et progressive.
Les influences de Miosis ne sont pas à chercher bien loin, car elles sont clairement identifiables quasiment dès la première minute de musique. C’est vers les californiens de Tool qu’il faut s’arrêter pour mettre un nom sur cette basse ronflante et cette batterie tapageuse. En réfléchissant bien, il n’y a pas énormément de groupes qui soient à ce point inspiré par Tool, comme de nombreuses formations nourrissent leur musique du label Dream Theater (DT). Il demeure donc assez intéressant d’entendre un tel résultat.
« State of Lacuna », le premier titre, débute quand même son introduction à la manière d'un DT pour s’en défaire très rapidement et basculer en mode Tool. Les minutes s’écoulent et la section rythmique martèle un tempo assez lent qu’elle ne quittera que rarement au cours de l’album. Une courte cassure intervient en fin de refrain, venant donner la véritable originalité au morceau. « Once Divine » fonctionne un peu comme son prédécesseur avec certes plus de vitesse. C’est l’harmonie vocale au milieu du titre qui vient rompre la certaine monotonie rythmique qui prédomine, renforcée par une voix assez monocorde.
Malheureusement ces deux premières compositions ne donnent pas l’impulsion nécessaire aux deux morceaux qui suivent, « Our Floods » et « Benandanti » qui fonctionnent, là aussi en binôme. Après une longue introduction assez tribale -en ce sens on peut remarquer quelques similitudes avec Dead Soul Tribe- aucun refrain brillant ni cassure quelle qu’elle soit ne vient sauver le morceau. Le même riff de guitare est exploitée avec simplement un changement de groove de batterie. Et ce n’est pas la fin plus débridée à la Oceansize sur « Benandanti » qui viendra effacer un sentiment d’ennui. « Flow » arrive à point nommé pour redonner un peu de vie à la musique de Miosis avec des mélodies plus franches sur le couplet et plus de variétés dans les séquences. Les qualités du groupe se révèlent avec parcimonie, en milieu de morceau notamment avec l’intervention éthérée du clavier. Le morceau le plus long (11:25), « The Lucid », souffre des mêmes défauts que la majorité des titres de cet album, à savoir qu’il ne décolle jamais vraiment et que le chant est bien trop uniforme.
Ce disque est dans l’ensemble assez hermétique, un peu à la manière des albums de Tool. Dans le cas des californiens, on sait que quelques écoutes attentives vont lentement laisser entrevoir tout le génie de cette formation. Avec Miosis, on a beau repasser le disque, la magie n’opère que très peu. Même si les musiciens, surtout la basse et la batterie, sont parfaitement en place, il manque le petit plus qui fait la différence. Dans le même esprit, il faut bien avouer que Erik Skoglund n’a pas les possibilités vocales de Maynard James Keenan.
En bref, on ne peut pas affirmer que ce disque fourmille d’idées neuves car tout ou presque a déjà été entendu chez Tool. Malgré ce fait on ne peut s’empêcher d’être optimiste quant au futur de cette formation. Pour cela il faudra que Miosis sache dévoiler plus largement ses vertus mélodiques et tarir l’essoufflement qui règne dès la moitié de Albedo Adaptation. Groupe à suivre du coin de l’œil.