« Dark Room » peut être considéré comme le quatrième album de The Angels, ou bien comme le deuxième, le groupe ayant sorti ses premiers opus sous le nom de Angel City. Quelle que soit la version retenue, le fait est que le combo Australien a déjà trouvé ses marques et son propre style qui influencera de nombreux groupes de l’île continent (Midnight Oil, INXS ou Crowded House, pour ne citer que les plus connus). Du coup, « Dark Room » nous offre 9 titres inédits, contrairement à ses prédécesseurs dont les tracks-lists avaient souvent quelques titres en commun.
Le gang des frères Brewster et du Doc Neeson officie toujours dans un rock stonien aux frontières du Hard-Rock, mariant énergie brut et production bien léchée. Le chant de Doc reste la principale marque de fabrique de The Angels, le frontman étant, la plupart du temps, habité par ses textes et offrant des performances frôlant l’internement psychiatrique. Attention, ce que nous entendons par cette formule se traduit par des passages irrésistiblement hystériques, mais toujours en rapport avec la musique, ce qui les rend criant de vérité et va jusqu’à nous emmener dans les délires de Neeson. La section rythmique reste impeccable alors que Rick Brewster vient rajouter quelques nappes de claviers ou d’orgue Hammond aux performances guitaristiques qu’il nous offre habituellement avec son frère.
Dans l’ensemble, « Dark Room » pourrait être considéré comme un bon album, composé de titres sympathiques comme un « Wasted Sleepless Night / Dark Room » à la structure en tiroirs finissant par mélanger 2 refrains, un « Night Comes Early » à l’énergie punkisante, un « The Moment », mid-tempo mélancolique, ou un « I’mScarred » au refrain catchy mélangeant habilement un riff bien rock et une basse presque disco. Il pourrait, mais il ne le sera pas car il possède en son sein 3 titres incontournables et irrésistibles qui le propulsent vers un niveau supérieur, d’autant que ces morceaux sont placés avec une stratégie des plus efficaces. « No Secrets » ouvre l’album avec son rock stonien entraînant et son refrain immédiat et inoubliable. Le tube incontournable qu’est « Face The Day » trône en quatrième plage avec sa montée en puissance sur un riff hypnotique. Le refrain est obsédant, le solo tranchant, et Doc Neeson déchaîne sa folie angoissante. Si vous ne devez écouter qu’un titre de The Angels (mais vous auriez bien tort de vous limiter à si peu), il s’agit de celui qu’il ne faut pas rater ! Enfin, le riff AC/DCien de « Devil’s Gate » vient vous cueillir en final sur un tempo à faire tachycardiser les cœurs les plus solides. Doc nous entraîne à nouveau dans son délire, alors que l’alternance de breaks angoissants et de déchaînements guitaristiques ou d’harmonica finissent de nous achever.
Ces 3 titres laissent donc un goût mitigé car s’ils hissent « Dark Room » vers des sommets, ils écrasent également leurs camarades de jeux et font regretter que l’ensemble ne soit pas plus homogène. Il n’empêche que The Angels frappent tout de même un grand coup et imposent un style et une énergie qui vont marquer le rock australien pour longtemps.