Il est parfois désolant de constater que certains groupes talentueux peinent à avoir la reconnaissance qu’ils méritent après de nombreuses années de bons et loyaux services dédiés à une musique de qualité. A contrario, il nous arrive de temps en temps de rester interrogatifs face à la persévérance de certains combos qui persistent à sortir des albums d’une musique déjà entendue mille fois et interprétée par des confrères plus talentueux. Voici une introduction sévère mais qui a le mérite de planter le décor pour ce nouvel opus des Bataves de Vengeance.
Il est vrai que la musique proposée par les quintet hollandais n’est pas désagréable, mais elle laisse la sensation de passer entre nos oreilles sans que notre attention ne s’y accroche à aucun moment. C’est bien interprété, et l’honnêteté des membres du groupe n’est pas remise en question, mais au milieu d’un paysage Hard-Rock mélodique hyper fourni, Vengeance n’apporte clairement rien de neuf. Comme en plus, le chant de Leon Goewie pourra se montrer exaspérant pour certains, il y a de fortes chances que votre serviteur ne soit pas le seul à s’empresser de passer à d’autres choses plus intéressantes.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce quintet, nous préciserons qu’il officie donc dans un Hard-Rock mélodique oscillant entre AC/DC et Saxon, sans pour autant se créer une véritable identité propre. Le line-up a été modifié depuis le live « Same, Same, Same… But Different » de 2007. Eric Stout a remplacé Hans In’t Zandt derrière les fûts, alors que Timo Somers a rejoint son papa en lieu et place de Peter Bourbon pour former une paire guitaristique familiale. Mais même ces changements n’apportent rien de nouveau, pas plus que la participation de pointures telles que Mat Sinner (Primal Fear, Sinner), Arjen Lucassen (ancien de la maison Vengeance !), Paul Sabu ou Michael Voss (Casanova, Mad Max) ne permet à ce « Soul Collector » de réellement décoller.
Nous noterons cependant un « Cross The Rain » percutant et au refrain facilement mémorisable, un « Soul Collector » hyper efficace et une ballade,« What The Hell », très popisante aux accents Leppardesques, certes surprenante mais pas désagréable. Pour le reste, nous alternons entre des titres hyper classiques (« Wait Until The Sun Goes Down » ou « Rock And Roll Band » avec ses chœurs pompés sur « Thunderstruck » de qui vous savez !), et des titres éveillant un peu l’intérêt avant de retomber comme de mauvais soufflés (le heavy « Samuraï » qui ne réussit pas à décoller ou le party-rock « Myspace Freak » qui tourne vite en rond), voire des morceaux frôlant le ridicule comme un « Dance » dont la lourdeur ne fera bouger qu’un troupeau de pachydermes, ou un « Lean On Me » dont le break de claviers Bontempi est à mourir de rire.
En résumé, et pour éviter de finir sur une note trop négative qui serait tout de même exagérée, nous conclurons en précisant que, sous réserve que vous supportiez le chant parfois exagérément maniéré de Leon Goewie, vous ne passerez pas un mauvais moment à l’écoute de ce « Soul Collector ». En dehors des quelques points précisés plus haut, cet album passera agréablement entre vos oreilles, mais sans que vous n’ayez l’impression d’en avoir retiré quoi que ce soit. Alors que Saxon et AC/DC viennent chacun de nous offrir un nouvel opus de qualité, il est donc peu probable que nombreux soient ceux qui s’attarderont sur une oeuvre aussi passe-partout.