Jenny In Cage. Clin d’œil avéré à l’un des grands représentants de la scène grunge de Seattle, serait-ce avec ce premier "Solid Liquid Ether" l’avènement du prochain Alice In Chains français ? A vrai dire, très peu de rapport même si très vite s’impose une certaine idée du rock qui a sévi depuis le début des années quatre-vingt-dix à travers de multiples références provenant du rock alternatif comme du métal.
Jenny In Cage ne semble pas avoir voulu complexifier les choses, en mettre à tout prix plein la vue, malgré des références lourdes à porter. La production aidant, les compositions présentent finalement un aspect assez réaliste, ne s'encombrant pas avec de futiles artifices. Une impression qui se retrouve parfois lors de prestations live. Contraste notable avec la peau de pêche qu'arborent les instruments ainsi que le chant de Frank, ce grain velouté qui donne une certaine chaleur à l'ensemble. Travail soigné dont l'auteur n'est autre que Frédéric Duquesne (Empyr, Watcha, Mass Hysteria..) et qui permet de profiter pleinement de tous les contours de l'orchestration.
C'est qu'il s'agit aussi d'offrir un bel écrin à tout diamant, taillé comme le faisait les anciens, ces maîtres de ces vingt dernières années auxquels la formation tente de rendre aujourd'hui hommage. Un côté planant de Deftones, un sens particulier des ambiances cher à A Perfect Circle et parfois l'énergie brute des Smashing Pumpkins, Jenny a recrée ici un patchwork de sonorités empruntées ci et là sans évolution particulière même si elle y apporte sa touche personnelle, restant dans des schémas déjà inscrits dans le patrimoine de ses ainés. Certains titres font d'ailleurs figure de véritable dédicace tant les similitudes avec l'original se multiplient à l'instar de "Tonight (We Fly)" semblant parfois être une d'adaptation personnelle et moins électrique de "Be quiet And Drive" des californiens de Deftones.
Parfois plus délicats, plus en retenu, certains morceaux tels que Memorabilia ou Mandarina délivrent des moments aux ambiances subtiles, alors impondérables, comme l'éther. L'album se finira même sur un acoustique et sobre "Solid Liquid Ether", et qui calmement diffusera de son côté sa dose de nostalgie. L'autre visage de Jenny semble moins flegmatique. Sans être irascible, tout en gardant un certain contrôle, elle dévoile un goût pour se jouer des tensions, versant dans un rock alternatif plutôt classique quoiqu'efficace.
Comme le suggère son titre, "Solid Liquid Ether" c’est un équilibre fragile, tenu, entre velours et aspérité. Mais malgré des qualités évidentes de composition, il manque pourtant ce petit supplément d'âme, libérant Jenny de sa cage et lui permettant de prendre son envol. Jenny reste néanmoins une valeur à suivre, qu'il ne s'agit pas de laisser s'échapper…