Michael Wagener (Dokken, Motley Crüe, Testament, HammerFall…) serait il le Monsieur changement de Skid Row ? Quinze ans après avoir produit « Slave To The Grind », qui avait déjà surpris tout le monde, il remet le couvert pour ce « Revolutions Per Minute » pour le moins déroutant.
Déroutant, c’est en effet le mot qui vient en premier à l’écoute du 5ème album de ces têtes de lard de Skid Row. A chaque fois que l’on se dit qu’ils ont tout intérêt à jouer la carte de la sécurité en restant dans la ligné de leur précédent album, ils prennent un malin plaisir à faire tout le contraire… Pourtant, le deuil de Sebastian Bach, parti depuis près de 10 ans, semble plus que consommé et le groupe semble décidé à s’affranchir de toute réminiscence de son passé. Mais la stabilité et la constance ne sont toujours pas au programme du groupe.
Oublié le Heavy Rock de leur début, jeté aux oubliettes le Modern-rock de la période « Thickskin ». Skid Row carbure au Punk Rock, au Hard Rock burné et… à la Country !!! Pas l’ombre d’une ballade (un comble pour Skid Row), mais des titres très puissants et lorgnant allégrement vers le Punk Rock (« Another Dick In The System », « White Trash », « When God Can’t Wait », « Nothing »). Avec « When God Can’t Wait » et surtout « You Lie », le groupe se frotte même à des sonorités Country. L’ensemble est bien construit et certains morceaux sont très bons, notamment « Strenght », une reprise vitaminée du groupe The Alarm ou les très énergiques « Another Dick In The System », « White Trash » et « Let It Ride ». Les chorus de guitares sont assez originaux et confèrent à l’album une ambiance assez envoutante qui se démarque fortement du son qui lui est plutôt rêche et rugueux.
Certes, certains titres sont assez faibles, voir dispensables comme « Pulling My Heart Out From Under Me » et dans une moindre mesure « Disease », mais l’ensemble est plutôt bien ficelé. Pourtant, tous ces excellents points ne doivent pas cacher le fait que Skid Row a un sérieux problème d’identité musicale. A force de changer aussi fréquemment de style, le groupe déroute l’auditeur. On a parfois le sentiment d’entendre du Velvet Revolver, voir du Motley Crüe, alors que la formation avait su, dans le passé, se forger une identité propre. Pire, on se demande vraiment où ils vont, et quelle direction ils entendent emprunter à l’avenir.
Si on peut saluer, la démarche courageuse qui consiste à s’affranchir du passé, on peut également se fatiguer de ce manque de constance et de cette absence de cohérence.
Ainsi, si « Revolutions Per Minute » peut être considéré comme un album plus que correct, à la limite du très bon, il n’en demeure pas moins que le plaisir est fortement terni par le fait que nous n’avons jamais le sentiment d’entendre un disque du Skid. Et à ce titre c’est un échec. Le même disque commercialisé sous un autre nom aurait probablement reçu un bien meilleur accueil et aurait été écouté d’une oreille bien moins « malveillante ». Cette orientation musicale a d’ailleurs été récompensée à sa juste valeur lors des « Hideous Heavy Metal Music Award » 2006, une cérémonie humoristique durant laquelle l’album a tout de même récolté 3 Golden Turd (Etron d’or) dans les catégories : « Pire album », « Pire pochette » et « Pire titre d’album »: beau tiercé !!
A noter qu’un bonus track sans réel intérêt est proposé. Il s’agit d’un « remix » de « You Lie », sur lequel le groupe a ajouté des parties d’Harmonica.