Flash-back : 1987, mon premier concert d'Ange qui vient tout juste de reprendre du service dans une formation proche de l'originale. Dans la salle, quelques jeunots comme moi et une immense majorité de quadras tendance baba-cool sur le retour. Après 2H de musique intense entamée par une reprise magique du Bal des Lazes de Michel Polnareff, vient le moment divin attendu semble-t-il par une grande partie de l'assemblée. Les premiers accords de l'Hymne à la Vie coulent de la guitare de Jean-Michel Brézovar, tandis que Christian Décamps distille avec émotion les superbes vers de ce morceau devenu culte. Et soudain, le spectacle se déplace de la scène vers la salle où un petit bonhomme empli d'émotion vient de sortir son harmonica, et accompagne le groupe en se dandinant sur ses jambes, complètement habité par la musique et l'esprit divin retransmis par les amplis. Pur moment de grâce, grosse émotion dans la salle et sur scène.
Le succès de Par les Fils de Mandrin est en grande partie dû à ces 9 minutes et quelques qui viennent clôturer un album plutôt mi-figue mi-raisin. Certes, Des Yeux Couleurs d'Enfants rappelle les élans somme toute pas si anciens d'Au-Delà du Délire, mais pour le reste, la comparaison avec Emile Jacotey, prédécesseur génial sorti 1 an auparavant, tourne vraiment au désavantage du nouvel album : beaucoup de parties intimistes, de passages narratifs à l'accompagnement minimal (Ainsi s'en ira la Pluie). Et quand un solo finit par jaillir de la guitare de Jean-Michel Brézovar, c'est pour sonner faux en raison d'un instrument mal accordé avec les synthés qui l'accompagnent (Atlantis).
Quant au titre qui ouvre et donne son nom à l'album, je n'ai jamais réussi à me faire au refrain passablement irritant.
Alors il restera ces 10 minutes de grâce, gravées pour la postérité et véritable hymne de bons nombres de concerts du groupe : c'est à la fois peu, mais également beaucoup pour certains fans touchés par l'enchantement.