Doro bénéficie désormais d’une très bonne cote de popularité auprès du public Hard Rock. Outre le fait que la demoiselle n’est pas déplaisante à regarder, sa gentillesse (difficile de lui faire dire du mal de quelqu’un), sa longévité dans le milieu (elle a fêté ses 25 ans de carrière le 13 décembre dernier lors d’un concert festif à Düsseldorf) et sa dévotion ouvertement déclarée à la cause métal l’ont placé sur une sorte de piédestal. Mais cette popularité est elle réellement méritée d’un point de vue musical ? Eh bien, ce n’est pas ce 15eme album qui va écorner sa réputation même s’il serait très exagéré de crier au génie ou au chef d’œuvre.
Tout d’abord le son est très bon, puissant et clair à la fois. Ensuite, les compositions sont d’un très bon niveau, à commencer par « The Night Of The Warlock » qui ouvre le bal en toute beauté. C’est un titre efficace, solide et entrainant. L’hymne parfait pour les concerts à venir.
« Running From The Devil », avec sa rythmique quasi militaire, ses chœurs à foison et son solo de guitare à rallonge est du même calibre. « Celebrate », l’un des deux premiers single de l’album, est tout aussi bon, tout en puissance, gorgé de chœurs guerriers et de riffs bien lourds. Doro a enregistré trois versions de cette chanson avec différents invités, Sabina Classen (Holy Moses), Floor Janssen (After Forever), Angela Gossow (Arch Enemy), Liv Kristine (Leaves’ Eyes), Ji-In Cho (Krypteria), Girlschool, Veronica Freeman (Benedictum) et Biff (Saxon).
Avec « Caught In A Battle », le tempo s’accélère considérablement. Doro propose là un des titres les plus speed de sa carrière. La double pédale s’en donne à cœur joie. Le titre est une réussite, mais de manière surprenante, le son est lui un peu défaillant, et en tout état de cause pas du niveau du reste de l’album. « Herzblut » l’un des deux premiers single, est une ballade chantée en allemand. Une fois encore, les chœurs sont de la partie. C’est l’une des 4 chansons calmes de l’album, et probablement la meilleure.
Comme dans son album « Calling The Wild » (2000), cet excès de ballade nuit un peu à l’efficacité de l’ensemble. C’est un travers, dont la chanteuse a visiblement du mal à se défaire. Les trois autres ballades sont très inégales ; « Walking With The Angels » est une chanson assez moyenne mais qui est magnifiée par la voix de Tarja (ex Nightwish), « 25 Years », probablement un des morceaux les plus faibles de l’album, repose uniquement sur la belle voix de Doro et « It Kills Me », oscillant entre mid-tempo et ballade, est également assez dispensable, même si son ambiance un peu trouble n’est pas inintéressante tout comme « I Lay My Head Upon My Sword » pas foncièrement mauvais, mais sans plus. Heureusement, « Long Lost For Love » relève le niveau avec son riff bien gras et un chant très pop.
Au final "Fear Of Evil" est un bon album, qui baisse un peu en qualité sur la fin, mais qui recèle d’excellent morceaux bien mis en valeur par une production très moderne et une voix magnifiquement travaillée. Le tout aurait certainement gagné en efficacité avec 2 ballades en moins.