Nous sommes en 1972, et la machine Black Sabbath est déjà bien rodée. L’un des plus grands groupes de métal a sorti trois superbes albums en l’espace de deux ans. Leur quatrième opus ne bénéficiera pas de conditions idéales de création, la plupart des membres du groupe ayant plongé dans la drogue, et bien au-delà pour Ozzy Osbourne. Bill Ward déclarera d’ailleurs plus tard : « Oui, Vol. 4 est un bon album. Mais le réécouter maintenant me rappelle à quel point l’alcool et la drogue ont cessé d’être drôle à ce moment là… ».
L’introduction de 'Wheels Of Confusion' nous ramène aux grandes heures de "Paranoid", avec un riff Heavy sur lequel semblent se greffer quelques inspirations mélodiques. La transition avec 'The Straightener' est très réussie et nous plonge directement dans les ambiances sombres habituelles. Il y a toujours de gros riffs, tel celui de 'Supernaut' (l’un des préférés de Franck Zappa), mais l’enchainement des titres est moins linéaire que sur l'opus précédent. Certaines compositions comme 'St. Vitus Dance' sont plus rock n’ roll. L’album reprend en fait les bonnes recettes de ses deux prédécesseurs. Comme sur 'Master Of Reality', les titres semblent heavy et directs mais ils sont plus variés, et, comme ceux de Paranoid, ils sont truffés des bonnes idées mélodiques.
De manière générale, ces quelques innovations empêchent le groupe de s'autoparodier et donnent un intérêt supplémentaire à l’album. Prenons par exemple le double solo final d' "Under The Sun" ou deux guitares s’expriment en même temps, ce qui est assez rare chez Black Sabbath pour être apprécié. Autre exemple, l’instrumentale 'Laguna Sunrise' sur laquelle la guitare aligne les mêmes plans pendant que des synthétiseurs s’agitent en fond sonore, de moins en moins discrètement. Le plus gros risque reste néanmoins la balade 'Changes' sur laquelle Ozzy n’est accompagné que de synthétiseurs qui ont fort mal vieilli et d’un piano rythmé et mélancolique.
L'éternel problème des premiers albums de Black Sabbath reste cependant la production. Le son semble complètement désuet aujourd’hui et les titres les plus heavy perdent donc un peu d’impact. Cela n'est d'ailleurs pas qu'une question de date, certains albums de la même époque ayant beaucoup mieux vieilli. Cela n’empêche pas Vol. 4 d’être un grand disque, plein de moments agréables. En réussissant à légèrement se renouveler, Black Sabbath évite un écueil majeur et délivre encore un opus de qualité.