23 ans après le split du groupe, et 3 ans après la sortie d’un album live, Renaud Hantson déterre 19 titres liés à Satan Jokers. Comment interpréter ce regain d’activité qui coïncide avec la reformation d’autres groupes de la scène Hard Rock française des années 80 et avec le succès du Métal France Festival ? Est-ce la crise de la quarantaine qui pousse le public à se pencher sur tout qui lui est jeté en pâture et qui a l’odeur de sa jeunesse ? Peu importe, savourons plutôt cette offrande inespérée.
Attention, cet album ne peut en aucun cas être considéré comme le quatrième du Bouffon diabolique. Son aspect est bien trop hétéroclite pour ne voir là qu’un assemblage de documents très variés, tant par leur nature que par leur intérêt ; 3 démos inédites, 1 démo d’un titre ancien, 2 reprises inédites, 1 titre réenregistré, 11 morceaux live, et 1 titre hommage à Laurent Bernat.
Néanmoins, le résultat est assez heureux, premièrement du fait de la présence de démos inédites datant de 1985 (« Action », « Quand La Nuit Est Tombée », « La Dame En Noir ») et d’une démo d’un titre (« Le Possédé ») dont la musique servira de base à « La Marche Hérétique » et les paroles à « Adrien » (album « Trop Fou Pour Toi »). En l’état, le morceau est assez moyen, et laisse entrevoir le travail effectué sur leur second album tant il est éloigné de la forme sous laquelle il sera finalement enregistré.
Comme d’habitude, la basse et la batterie sont monstrueuses (« Action », « Le Possédé »). A l’écoute de ces morceaux on comprend mieux la présence de Renaud Hantson dans le classement des 15 meilleurs batteurs Hard Rock faite par le magazine MUZIQ (Janvier 2009). Il est vraiment dommage que ces petites pépites brutes n’aient pas bénéficié d’une production à la hauteur de leur potentiel. Il est surprenant de constater que sur ceux-ci l’équilibre ente les 2 chanteurs est bien plus évident que dans le dernier album du groupe.
Les 2 reprises, « The Jean Genie » de Bowie et « Gimme Some Lovin’ » de The Spencer Davis Group, sont assez dispensables (au même titre que le « Get It On » de T-Rex présent sur « III »).
L’intérêt de nouveaux titres live aurait pu sembler assez faible, 3 ans après la sortie de « Best Of Live ». Mais là, grosse surprise. Sur les 11 titres proposés, 9 ne sont pas présents sur ce précédent album live. Plus intéressant encore, « Mort En Sursis », est quand à lui totalement inédit, puisque jamais enregistré sur un quelconque album studio. Ce titre, est très représentatif de la formule Satan Jokers. Les parties de chant sont bien partagées ente Pierre Guiraud et Renaud Hantson, la section rythmique est époustouflante de qualité et le morceau alterne les ambiances. La version 2008 de « Sorcier » (initialement sur l’album « III ») est très correcte. L’accent a été mis sur les guitares, qui sont ici très tranchantes, alors que les voix semblent elles bien moins « démentes » que sur la version de 85.
Ce recueil se clôt de manière surprenante avec un instrumental inédit, « Laurent’ Song », écrit et enregistré pour l’occasion en mémoire à Laurent Bernat (Basse) décédé en 2004. Si la démarche et louable et le résultat très bon, le style est totalement en décalage avec le reste du disque et l'univers de Satan Jokers. A un passage près, ce titre est en effet bien trop propre et bien trop sage, pour mériter de figurer ici. Cela ne retire rien à la qualité de ce morceau qui laisse les guitares et la basse, tenue pas l’excellent Pascal Mulot (P. Rondat), s’en donner à chœur joie. Mais ce morceau est définitivement plus dans l’esprit de Mulot que dans celui de Satan Jokers.
Voilà donc un disque destiné avant tout aux fans purs et durs de la formation française. Si globalement le contenu s'avère assez convenu, le dernier titre pourra donner quelques inquiétudes quant au projet de Renaud Hantson de sortir en 2009, un disque de nouvelles compositions sous le nom de Satan Jokers, projet dans lequel Pascal Mulot est impliqué. Wait & See...