En 2008, à l'occasion de la sortie du 4ème album de son groupe phare de la scène progressive, The Tangent, Andy Tillison annonçait la fin de sa relation personnelle avec Sam Baine, et par la même occasion la fin de leur collaboration musicale entretenue tout au long des 6 albums publiés avec Parallel or 90 Degrees entre 1996 et 2002. Ces albums étant aujourd'hui introuvables, la sortie d'une double compilation est l'occasion de revenir sur la carrière d'un groupe plus qu'intéressant, et dont le parcours a évidemment contribué au succès rencontré aujourd'hui par la troupe menée par le plus francophile des musiciens prog d'outre-Manche.
Le choix des titres couvre tous les albums du groupe et, cerise sur le gâteau, nous offre 3 titres inédits, destinés à un album finalement jamais publié, ainsi qu'un autre sur lequel intervient l'incontournable Roi des Fleurs, Roine Stolt.
Musicalement, et avec le recul, on retrouve dans PO 90 tout ce qui fera par la suite le succès de The Tangent : un rock progressif fortement coloré aux années 70, une bonne dose de symphonisme et des idées à foison, notamment dans les titres "epic" que l'on retrouve sur le deuxième CD. A titre d'exemple, les 27 minutes et quelques d'Afterlifecycle Sequence, issues pourtant du tout premier album du groupe, alors essentiellement réduit au couple Tillison/Baine, recèlent de passages tous plus passionnants les uns que les autres : alternance de parties puissantes puis rétro, un peu de jazz pour saupoudrer le tout et on en oublie même les parties de batterie programmée. On rêverait pour ce morceau d'une histoire à la Four Egos One War, dont la version originale présente ici annonce déjà le fabuleux titre présent sur Not as Good as the Book de The Tangent.
Alors bien sûr, le style Tangent est bien présent, mais réduire PO 90 à une simple copie de son successeur serait trop simpliste, car ce groupe affichait également une facette beaucoup plus rentre-dedans, dont Fadge, part I ou encore A Man of Thin Air et Modern sont les meilleurs exemples. Et dans ce cas, meilleur n'est peut-être pas l'adjectif le plus approprié car ces parties "puissantes" s'avèrent souvent pesantes et crispantes, donnant l'impression que le groupe cherche à forcer son jeu pour évoluer dans un style qui n'est finalement pas le sien. Et c'est peut-être sous cet angle que l'on peut analyser le relatif oubli dans lequel a évolué PO 90 tout au long de son existence… Avec également le facteur chance qui lui a sûrement fait défaut à l'époque.
Reste toutefois ces deux CD bourrés jusqu'à ras bord de musique le plus souvent passionnante, constituant un dernier témoignage de ce qui fut le laboratoire grandeur nature du génie créatif d'Andy Tillison, aboutissant au résultat que nous connaissons aujourd'hui, à savoir un des groupes les plus côtés de la planète prog, catégorie "à l'ancienne".