Pour son neuvième album studio, Yngwie Malmsteen nous sert une compilation de reprises de groupes qui comme son nom l’indique sont censés l’avoir inspiré artistiquement. Le choix de cette formule ne semble pas devoir être cherché dans une quelconque perte d’inspiration, puisque ce disque fait suite à l’excellent « Magnum Opus » qui nous présentait le suédois en pleine forme. Malmsteen ayant toujours revendiqué ouvertement bon nombre de mentors, cette démarche peut dès lors être créditée d’une certaine crédibilité. La forme de l’album s’y prêtant à merveille, en avant pour un « track by track ».
- « Carry On My Wayward Son » tiré du 4ème et probablement meilleur album de Kansas, « Leftloverture ». Ce morceau chanté par Jeff Scott Soto, gagne en puissance mais perd un peu en magie.
- « Pictures Of Home » est également pioché dans l’un des meilleurs disques de ses auteurs, le « Machine Head » de Deep Purple. Ce titre, qui n’est pas un des plus connu de la bande à Blackmore, est très bien interprété. C'est une réussite.
- « Gates Of Babylon », nouvelle reprise d’un groupe de Ritchie Blackmore, ce titre est un des meilleurs du très moyen « Long Live Rock'n Roll » de Rainbow. Le coté épique et oriental de la chanson est magistralement préservé. Une excellente reprise.
- « Manic Depression ». Après Blackmore, l’autre grosse source d’inspiration revendiquée par le Suédois, Hendrix qui est ici revisité via un titre de son 1er album, « Are You Experienced ». Yngwie officie au chant, et de manière surprenante, c’est plus la guitare que la voix qui s’éloigne de la version originale. Un parti pris courageux mais un résultat un peu décevant.
- Avec « In The Dead Of Night », tiré d «UK», le groupe d’Allan Holdsworth, nous avons la reprise la moins Heavy métal de l’album. Yngwie s’aventure avec bonheur dans un rock progressif aux sonorités éthérées. Démarche originale et réussie pour le suédois.
- « Mistreated ». Une nouvelle reprise sans grande prise de risque de ce très bon titre tiré du « Burn » de Deep Purple.
- « The Sails Of Charon » de Scorpions (« Taken By Force »), fait un peu figure d’OVNI, tant la filiation avec Malmsteen ne semblait pas évidente si l’on oublie qu’Uli Jon Roth est lui-même un admirateur de Hendrix. Pourtant cette version toute en puissance est un des morceaux phares de l’album. L’interprétation hargneuse de Mark Boals y est pour beaucoup.
- « Demon's Eye » issu du « Fireball » de Deep Purple, est sans grande surprise.
- « Anthem », tiré du « Fly By Night » de Rush, part dans tous les sens et écrase tout sur son passage.
- « Child In Time ». Cette 4ème reprise de Deep Purple (« In Rock ») et 5ème de Ritchie Blackmore, s’attaque à un monument du Pourpre profond. Si la voix est à la hauteur, Yngwie en fait des tonnes à la guitare et cela peut aussi bien charmer qu’irriter.
A l’issue de l’écoute de cet album, il n’est plus permis de douter de l’admiration que le suédois porte à Ritchie Blackmore. S’il est amusant, l'exercice n’en est pas moins assez anecdotique, et ne doit pas être considéré comme un chef d’œuvre. Il a pourtant l’intérêt de proposer sur un même disque 3 des chanteurs historiques du « Rising Force », Joe Lynn Turner, Mark Boals et Jeff Scott Soto. A noter également, la présence du honni Marcel Jacob à la basse, ceci malgré l’animosité que lui témoignait Yngwie dans la chanson « Liar » (« Trilogy »).
NB : « Inspiration » est également sorti en édition 2 disques avec une longue interview et des démos inédites (« Merlin's Castle » (1980), « Soft Prelude In G Minor » (1982), « Hunted » (1978) et « Evil » (1992)).