"The Rocky Horror Picture Show", c'est l'histoire loufoque imaginée par Richard O'Brien qui sera adaptée sur les écran en 1975. Malgré un accueil plutôt froid à l'époque, le film a atteint un statut de film culte chez de nombreuses personnes, grâce notamment à des dialogues décapants et un humour kitsch très propre à l'époque. Quel rapport avec la musique me direz vous? J'y viens. En effet, "The Rocky Horror Picture Show", c'est avant tout une comédie musicale écrite et composée par le même Richard O'Brien.
Derrière le coté purement musical des compositions, l'enjeu délicat était de proposer une musique légère et immédiate, sans tomber dans la niaiserie au premier degré, et en gardant l'esprit totalement décalé du film. En cela, cette bande originale est une réelle réussite. En effet, si les compositions sont relativement linéaires et basiques, l'interprétation excellente des différents acteurs transcende les morceaux. L'ennui est alors évité grâce à des changements d'intensité lorsque les protagonistes se donnent la réplique ("The Time Warp"). Des acteurs comme Patricia Quinn ou Tim Curry mettent dans leurs lignes de chant une gouaille désinvolte qui donne un relief indéniable à l'ensemble. L'effet est flagrant sur "Sweet Travestite" ou, avec sa seule voix, Tim Curry mâche les mots, les allonge, les étire, les chuchote, maîtrisant ainsi entièrement le rythme du morceau.
L'autre élément réjouissant se situe au niveau des paroles. Le film traite en effet d'un jeune couple d'une grande pureté et d'une grande niaiserie, qui a le malheur d'atterrir (après l'inévitable crevaison en pleine campagne) dans un lugubre château, ou des extraterrestres transsexuels se livrent à toutes sortes d'activités lubriques. Le ton est donné. Partant de là, les chansons racontent des évènements délicieux, comme la demande en mariage du jeune homme niais à la jeune femme niaise ("Damnit Jannet") ou encore le moment ou cette même jeune femme tombe sous le charme d'un homme-objet sexuel ("Touch-a, Touch-a, Touch Me").
Mais revenons à des propos plus musicaux avant de vous perdre. Même si les compositions ne vont jamais chercher très loin, il s'en dégage une fraîcheur très agréable, et un esprit résolument rock n' roll. Du piano jazzy, des guitares sobres et rythmées qui ne se perdent jamais en soli laborieux, et des éléments plus vintages comme les chœurs ou le saxophone. Les noms de Queen ou David Bowie reviennent souvent dans l'esprit de l'auditeur. Certaines lignes vocales sont en outre très mélodiques et réussies. Est également à noter la participation du chanteur de Meat Loaf.
La production a plutôt bien vieilli, mais la musique moins. Le coté comédie musicale est omniprésent, et l'ensemble renvoie plus au début des années 50 ou 60 (auxquelles le film rend hommage à travers de nombreuses références). Malgré cela, cette bande originale est une parenthèse plus qu'agréable dans le temps, et elle vous transportera vers un monde ou mélodies et charmes règnent en maîtres.