Astra est une formation transalpine qui, malgré un premier album passé inaperçu, représente une découverte non dénuée d’intérêt quand on sait que dans ses rangs se trouve un certain Titta Tani, chanteur de l’excellent groupe DGM. Mais Astra ne doit pas être résumé à son chanteur car c’est aussi un groupe qui a fait ses armes en chatouillant la discographie de Dream Theater en gagnant, cinq ans avant l’arrivée de Titta en 2007, un concours de reprises du quintet de New York en Italie et en participant à la réunion italienne du fan-club du groupe.
C’est donc en 2001 qu’Astra prend véritablement naissance en proposant très rapidement une démo instrumentale. Son premier album, About Me : Throught Life & Beyond lui permet d’installer un line-up de musiciens aguerris en attendant l’arrivée de Titta Tani en 2007. La promotion du groupe et de son nouvel album, From Within, met en lumière une parenté avec Dream Theater, Vanden Plas, Queen ou Symphony X… Programme alléchant s’il en est. Ce ne sont pas les seules influences du combo, nous allons essayer de vous en donner les justifications.
La première impression est un gros son très bien produit et renforcé par l’utilisation de guitares sept cordes pour les rythmiques. On reconnaît assez rapidement la patte de Titta de par son ancien groupe DGM, le côté néoclassique en moins. Les riffs sont incisifs, le clavier mesuré, la batterie omniprésente et le chant juste et coloré. Une constante dans cet album est la concision des morceaux leur donnant l’énergie nécessaire sans noyer le propos. A ce titre, les italiens n’ont pas l’ambition de copier Dream Theater mais plutôt de s’en inspirer pour tendre vers des groupes comme Ark ou Dali’s Dilemma. En dix titres, Astra déroule son métal progressif teinté de métal mélodique sans faux pas, ni grande originalité il faut bien l’avouer. From Within ne révolutionne pas le genre, mieux, il l’exploite avec maturité et talent en mélangeant le format classique du métal mélodique et ses refrains bourrés de mélodie avec la complexité du progressif qui s’illustre notamment dans les brefs passages instrumentaux. Cette recette est concoctée par des musiciens parfaitement en place, transcendée par Titta Tani à son acmé.
Isoler un titre plutôt qu’un autre est difficile même si quelques chansons sortent inévitablement du lot. On pense à « Save Another Day » et son clavier atypique en intro qui après un couplet à la guitare acoustique débouche sur un refrain imparable. La partie instrumentale est courte mais efficace, et le solo de guitare est, comme dans tous les titres d’ailleurs, un bon compromis entre technique et feeling. On pense aussi au dernier titre, « Never Say Goodbye », une ballade dont les harmonies vocales et le son de guitare rappellent le meilleur de Queen ou « Road To Nowhere » et ses refrains à tiroir.
On retrouve des similitudes mélodiques avec DGM dans «Over the Hills» et « Hypocrisy » par exemple et sa succession de chant, tantôt rageur, tantôt éthéré. De plus, « Hypocrisy » fait preuve dans sa seconde partie d’une proximité avec Andromeda dans la manière d’utiliser le clavier. La griffe Symphony X est aussi présente avec les riffs incisifs de « Promises You Made » ou « The Hitman ». Le titre « Memories Remain » représente à lui seul le côté rock mélodique du groupe qui se trouve aussi disséminé un peu partout dans l’album. La courte séquence instrumentale, portée par un clavier faisant penser à Derek Sherinian est une vraie réussite. A signaler une interlude très sobre et très agréable à la guitare acoustique, « The Rage Behind », qui rappelle le travail de Dali’s Dilemma.
Ce From Within est une bien belle découverte portée par des compositions de qualité et un chanteur de grand talent et qui, en privilégiant les mélodies relativement immédiates, ravira autant les adeptes de métal progressif que les réfractaires à la musique trop technique. Le seul point négatif serait à chercher dans la trop rapide acclimatation au contenu du disque. Pour être plus précis, From Within fait mouche dès la première écoute. Ce point apparemment positif peut se révéler un défaut lors d'écoutes répétées. From Within arrive néanmoins à opérer la dure synthèse de plusieurs styles avec brio et il y a fort à parier qu’Astra réussisse à fédérer un public assez large. Le quintet a toutes les cartes en main pour réussir cette prouesse.