Quinze ans ! Il aura fallu attendre quinze longues années pour que le combo mythique, un des précurseurs du death progressif voire même du metal progressif en général, donne enfin une suite à l’incontournable « Focus ».
Certes, depuis 1993, les fans auront pu prendre leur mal en patience avec les projets parallèles que sont Gordian Knot, Aghora ou encore Aeon Spokes dans lesquels il auront pu retrouver une partie du combo réunie, mais la compensation n’aura toujours été que partielle… Et voici qu’en 2008, les deux initiateurs du projet que sont Paul Masvidal et Sean Reinert décident d’immortaliser une deuxième fois la réunion de Cynic.
Passé l’introductif et limite tribal « Nunc Fluens », on se retrouve avec « Space For This » de nouveau plongé dans le monde fantastique de Cynic à savoir un savant contraste de mélodies aériennes enchanteresses et de vifs riffs syncopés ultra-techniques avec quelques touches jazzy. Si à la lecture de cette brève définition, vous seriez tentés de dire que « Traced In Air » est dans la droite lignée de « Focus : vous avez tout à fait raison… Outre une production plus aseptisée, la différence majeure réside dans la quasi-disparition des vocaux death juste présents en filigrane pour accentuer les breaks et autres accélérations. Conséquence de l’absence de Tony Teegarden et Jason Gobel dans le line-up du Cynic version 2008 ? Le poids de ces quinze années et l’influence des projets susmentionnés ?
Toujours est-il qu’en dehors de ce léger changement, tous les éléments qui ont fait le succès de « Focus » sont bien là, des guitares omniprésentes aux soli ahurissants de technicité n’empêchant pas l’émotion de jaillir des mélodies aériennes envoûtantes entretenues par les lignes de chant de Paul Masdival toujours passées sous le filtre d’un vocoder à la manière d’un Kevin Moore dans Chroma Key. De son côté, Sean Reinert prouve qu’il est l’un des maîtres en matière d’alternance de furie ravageuse et finesse enchanteresse au contraire de la basse de Shawn Malone, étrangement en retrait, seul réel bémol de ce « Traced In Air ».
Dans la lignée d’un « Focus », Cynic nous emmène à nouveau dans un formidable voyage qui charmera à coup sûr l’auditeur au gré de huit étapes aux structures ébouriffantes jouées par des virtuoses au service de la musicalité. Au final, quinze années se sont écoulées, quinze longues années à attendre un nouvel opus de Cynic de... trente quatre minutes seulement. Si le charme opère toujours il n'est donc pas certains que la patience des fans soit récompensée à sa juste valeur. On espère pour eux qu’il leur faudra attendre moins de temps pour que Cynic daigne sortir un troisième album.