"Direction" est un groupe originaire du Lac-Saint-Jean au Québec. C'est aujourd'hui un trio composé de Marco Paradis (Guitare et Piano), Serge Tremblay (Chant, Basse et Claviers) et de Jean-Claude Tremblay à la batterie. Ce groupe n'en est pas à son coup d'essai puisque 'E' (Est) est leur quatrième album. Les précédents s'appelaient 'R' (Air), 'O' (Eau) et '13' (Non, pas pour Bouches du Rhône !).
Depuis que la musique existe, les compositeurs sont influencés, souvent à leurs débuts, par leurs prédécesseurs. Les grands compositeurs ont sublimé cette ascendance créatrice pour devenir à leur tour référence. D'autres, moins inspirés, sont restés dans l'ombre des grands, sans apporter à leur art une nouvelle orientation. Et certains, à l'imagination bloquée par l'admiration, se sont contentés de pomper leurs idées. C'est dans cette dernière catégorie que se situe "Direction", du moins dans cet opus.
'E' est indéniablement un disque de rock progressif sur lequel les musiciens savent parfaitement jouer de leurs instruments (au pluriel). Mais, car il y a un mais, pour du progressif, ça ne "progresse pas".
Quelques explications : Dès la deuxième écoute, je me suis pris au jeu qui consiste à trouver quel était le titre que me rappelait tel ou tel passage. Et ils sont tellement nombreux, ces passages, que le CD pourrait presque se retrouver dans une critique ludique. Et le sommet, c'est le titre 'Naufragé', copie quasi parfaite de 'Deep in the Motherlode' de Genesis ("And Then There Were Three"). Et ce qui fait que c'est "quasi", ce sont les différences, qui affaiblissent la copie face à l'original, que l'on fredonne par-dessus. Le son, les riffs de guitare, le phrasé, tout y est ou presque… Cette sensation, moins définitive dans les autres titres, reste néanmoins la caractéristique majeure de cet album.
Et maintenant, pour être tout à fait honnête, c'est dommage. Car, ces musiciens jouent bien, proposent de bons moments de musique (car finalement, ces vieux morceaux, on les aime bien…), avec de beaux soli (les claviers sont très banksiens…), avec parfois un son discutable, mais bon, ne faisons pas la fine bouche. Une exception néanmoins, mais de taille : le chant. S'il est juste, c'est bien tout ce qu'il a à offrir avec une voix sans dimension aucune, légèrement nasillarde, à la diction (en français) qui fait parfois sourire, mais de dépit.
Si vous aimez la musique qui ressemble à celle que vous avez aimée, si le chant de piètre qualité et de peu d'intérêt ne vous rebute pas, vous trouverez avec 'E' un bon moment à passer, avec de bien sympathiques passages. Sinon, reprenez vos Genesis d'antan et refaites vous une petite écoute, c'est préférable. Le groupe Mirage a réussit dans son évolution à passer du stade de l'admiration de Camel à celui de groupe influencé avec son propre talent. Souhaitons à Direction la même suite à sa carrière.