Après le décevant « Facing The Animal », le maestro suédois se devait de rassurer ses fidèles. Et au même titre que « Magnum Opus », quatre ans plus tôt, ce « Alchemy » remplit totalement ce rôle.
Au niveau du line-up, comme d’habitude, il y a du changement. Mats Leven (Chant) a été évincé et c’est Mark Boals, déjà présent sur « Trilogy » 13 ans plus tôt, qui reprend le micro.
Cozy Powell a également été remplacé aux baguettes par John Macaluso. Ce dernier, après avoir officié au coté d’un autre fou du manche, Alex Masi, a joué dans Powermad, le groupe qui apparait dans le film de David Lynch, « Sailor et Lula », puis dans Ark, groupe au sein duquel il fera la connaissance de Mats Olausson avec lequel il rejoindra le « Rising Force » de Malmsteen. Chose rare pour Yngwie, tous les morceaux ont été composés pour l’occasion ; aucune idée tirée de cessions antérieures n’a été recyclée pour ce disque. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’inspiration et la puissance sont au rendez vous.
En effet, rarement le suédois n’avait proposé un disque aussi Heavy et aussi brut. La touche "Classique" est en effet un peu moins présente que d’habitude et, à l'exception du magnifique "Blue", le disque ne contient pas de ballade.
La tendance est donc plutôt aux morceaux très speed (« Wield My Sword », « Daemon Dance »), très lourds (« Voodoo Nights », « Leonardo ») et aux guitares supersoniques. Chose inédite depuis son premier album (1984), pas moins de 5 instrumentaux figurent au menu de ce disque. Tout d'abord « Blitzkrieg », qui commence avec de belles lignes mélodiques et se termine en folle démonstration de descente de manche, « Blue » une très belle ballade aux relents bluesy durant laquelle le guitariste ne peux s’empêcher d’aligner les notes à la vitesse de l’éclair, et enfin la trilogie « Asylum » (« Asylum », « Sky Euphoria » et « Quantum Leap ») qui clôt l'album. « Asylum » est la pièce la plus proche du style néo-classique de Malmsteen. On est là un peu dans l'esprit du projet « Concerto » sorti un an auparavant. « Sky Euphoria » est plus axé sur la guitare acoustique, celle-ci étant accompagné par un orchestre qui apporte de la profondeur au morceau. Enfin, le très Heavy « Quantum Leap », donne l’occasion à John Macaluso de faite une impressionnante démonstration de son talent. La batterie est d’ailleurs très bonne sur cet album, comme en témoigne également le morceau « Stand (The) » dont le texte est inspiré du « Fléau » de Stephen King.
Mark Boals semble lui quant à lui moins à son avantage sur cet album que sur « Trilogy » (1986) et « Inspiration » (1999), disques sur lesquels sa voix était bien plus puissante et variée. Sa tendance à abuser des montées dans les aigus est assez irritante tant il semble à la peine dans ce registre.
Il est à noter que le Producteur Chris Tsangarides (Thin Lizzy, Loudness, Depeche Mode, Judas Priest…) n’aura participé qu’à la production de la batterie. Il s’est en effet fâché avec Yngwie lors de l’enregistrement et a été remercié après n’avoir produit que cet instrument. Ajoutons en outre que le clavier Mats Olausson fête avec cet album sa 9ème année au coté du suédois, ce qui n’est pas mince exploit. Il tiendra au final 11 années dans le « Rising Force », établissant ainsi un record que Patrick Johansson (Batterie), présent depuis 2001 essaye désespérément de battre.
Au final, malgré un aspect un peu trop compact, et un chant qui pourrait faire preuve de plus d’émotions, le suédois volant nous pond encore un très bon album qui ravira les amateurs de guitares et de Heavy. Lors de sa sortie, ce « Alchemy » était l’album le plus Heavy et le plus axé « shred guitar » de la discographie de Yngwie Malmsteen. Celui-ci a radicalisé son propos et a totalement tourné le dos à sa période FM, voie qu’il continuera à suivre sur les albums suivants…
Nb : Le CD est proposé dans un très beau packaging qui contient entre autre un poster reproduisant la pochette de l’album. Ce n’est pas rien quand on connait les goûts exquis d’Yngwie en la matière.