Relayer emprunte son nom de scène à l'un des albums les plus alambiqués de la disco du célèbre groupe YES. Les influences et le style des premiers albums du jeune combo étant clairement inspirés du rock progressif des seventies, le choix de ce nom ne peut être vu que comme un clin d'oeil à la bande de Jon Anderson.
La comparaison s'arrête là et ne fera pas figure d'hommage car les influences sont plus variées qu'il n'y paraît. Les musiciens citent pêle mêle les Pink Floyd, Queen, les pierres qui roulent ou encore Marillion comme références, et en y regardant de plus près, c'est plus à ce dernier que « Facade » fait penser.
Entre ce quatrième album et le précédent (Last man on earth) dix années se sont écoulées, laps de temps nécessaire au groupe pour s'affranchir de l'image de « YES-like » qui leur collait à la peau. Un bien pour un mal peut être car si « Facade » n'est pas dénué de qualité, il souffre néanmoins d'un style pataud et peu addictif.
Du progressif il y en a toujours, mais juste en surface, comme pour rendre l'essai plus accessible. Le chant prend une part très importante dans les compos et les structures popisantes manquent de relief et d'envergure. Une seule instrumentale (« Parabola ») se dispute la partie avec douze autres titres qui empruntent leurs rythmes au rock soixante huitard, à l'indépendant contemporain voire -plus comique- au tango ( « Mid day moon »).
Quelques mots simples pour définir cet album? Mélancolique, psychédélique, indépendant, pop... Soit un melting pot d'idées et de tendances pas toujours digérées, honnêtement composées mais peu accrocheuses. La faute à un chant certes porteur d'émotions, mais mal maîtrisé dans les aigus et les voix de tête, des riffs estampillés « 70's » à la limite de la caricature, et des effets de synthé antédiluviens peu avenants.
Restent d'honnêtes surprises et de bonnes idées, telles la mélodie douce amère de « Murdered a friend », l'intimiste « Pretty toy gun », la bonne humeur communicative et délicieusement naïve de « Hope in fairytale » et le thème de « For future days » qui ne dépareillerait pas sur la B.O du magnifique film de Sean Penn, « Into the wild ».
Finalement « Facade » est une affaire d'émotions, un fourre-tout de thèmes chers à une époque où la mort, la liberté et l'espoir nourrissaient des débats passionnés.
Relayer reste dans l'actualité avec ses thèmes forts mais prend le risque de ne toucher qu'un public restreint avec une musique qui manque parfois d'accroche. A réserver aux amateurs.