Eternal Flight est un groupe de heavy métal français, qui se caractérise par des touches speed et progressives. Cette définition pourrait confiner d'entrée de jeu le groupe dans l'anonymat, mais il s'avère que Gérard Fois est un membre de Dream Child, groupe français qui se fit un peu remarquer au début des années quatre vingt dix. Le groupe peut donc à priori s'appuyer sur son expérience pour délivrer une musique mature.
Et en effet, la musique est mature. Parfois même, le sens de la mélodie étonne agréablement par son efficacité sans complexe. L'enchainement de riffs incisifs et de parties plus atmosphériques et planantes ne date pas d'hier, mais il est ici relativement bien utilisé. Le bassiste, qui affiche comme influences Dream Theater et Queen en passant par Rush, délivre des lignes ingénieuses et discrètes. Certains break gagnent alors en originalité, comme sur "Deaf, Dumb, Blind". Entre les passages qui rappellent Angra ("Next Ones On The List"), avec des guitares speed et précises et ceux qui font plus penser à ce que propose Bruce Dickinson en solo ("Friends", ou la voix est l'espace d'un instant troublante de similitude avec celle du chanteur d'Iron Maiden), cet album a tous les atouts pour plaire aux métalleux de tous poils. Compositions soignées, interprétation efficace et talentueuse. Oui, vraiment tous.
Alors ou est le problème ? Car ne nous le cachons pas, il y a un problème. Quelque chose qui fait que l'album se traine, et sonne fatigué... L'auditeur ne mettra pas longtemps à trouver l'origine de ce goût amer: la production. Là ou le son de cet album est fourbe, c'est que chaque élément semble correctement (voire bien) produit. D'ailleurs l'expérience peut-être tentée: en prêtant attention à un seul des instruments, les titres sont plus qu'agréables. Et c'est dommage qu'il faille se forcer pour percevoir les bon cotés de l'opus car il sont vraiment intéressants.
Les riffs sont pleins de puissance, mais les guitares semblent faiblarde et sous mixées au milieu de l'ensemble, ne s'illustrant que lors des soli. La section rythmique sonne bien, mais entre une batterie au rendu inégal et une basse trop en retrait, l'auditeur reste sur sa faim. Le chant est aussi mal mis en avant. En effet la voix de Gérard Fois semble diminuée, atténuée, alors qu'on la sent pleine de puissance et de nuances. Les lignes vocales sont bien trop souvent doublées de chœurs insipides. Enfin, une couche de synthétiseurs inutile recouvre l'album en le ramollissant considérablement. Et c'est bien dommage car parfois les claviers peuvent amener des orchestrations intéressantes.
Au final le bilan s'impose comme mitigé, alors que le groupe possède d'indéniables atouts de composition. Il ne fait aucun doute qu'avec une production à la hauteur de ses capacités et quelques choix plus judicieux, ce groupe pourra faire parler de lui.