Jusqu’à présent totalement inconnue au bataillon, cette formation estonienne baptisée Leech et formée en 2000 présente son premier album autoproduit, « Tram O Gram ». Sortie en 2007, cette première production a déjà pour mérite de démontrer que l’Estonie n’est pas simplement un pays où les standards bien formatés de l’Eurovision règnent en maître absolu. En effet, Leech va tenter de démontrer que ce petit pays peut lui aussi proposer une autre facette artistique avec « Tram O Gram ».
Evoluant en formule quartette, ce groupe bien rôdé par la scène distille une forme de hard rock lourd et énergique pas si évident à étiqueter de prime abord. La production brute et quasiment live apporte un réel élan de fraîcheur sur chaque plage de « Tram O Gram ». D’ailleurs, les compositions font la part belle à la toujours majestueuse Gibson Les Paul Custom, dont le son chaud et rond demeure un gage de qualité lorsqu’il est servi par un guitariste de la trempe de celui-ci. Ivo s’inspire d’un style de jeu tout en feeling et harmoniques assez simples mais terriblement efficaces un peu à la manière d'un Paul Kossof. Bien épaulé par un tandem rythmique groovy et un chanteur aux cordes vocales navigant entre des fulgurances claires et éraillées, non sans rappeler James Hetfield, ce six cordiste sobre et talentueux ne peut que pleinement s’épanouir.
Enchaînés sans temps mort, « Tram O Gram » balance dix titres pêchus mais non dénués de subtilités. Les introductions sous forme d’arpèges au son clair fourmillent, juste avant que n’éclate un bon gros riff bien gras et taillé pour battre la mesure. « Jinn » illustre à merveille cette forme de composition entêtante et sinueuse. Le groupe sait heureusement appuyer sur l’accélérateur au bon moment, comme par exemple sur la fin hargneuse de « Five Fag Combo », mais aussi embrayer sur une atmosphère nettement plus planante, démontrée par le long et touchant « Dark Horse ». Un morceau de bravoure comme « Powerfields » gonflé par une introduction en forme de lignes de basse lourdes et métalliques fait preuve d’une véritable aptitude à faire du neuf avec l’ancien.
Moins facile d’accès qu’il n’y paraît, « Tram O Gram » propulse Leech entre des formations incontournables des années soixante dix, comme Free et Black Sabbath, et des combos plus récents à l’image de Tool et Alice In Chains. Ce tour de force n’est certainement pas des plus aisés à réaliser, mais Leech rempli son contrat avec fougue et passion. Et bien oui, du côté de l’Estonie, des musiciens inspirés et sans complexes viennent de remplir leu contrat par l’intermédiaire de leur première production. « Tram O Gram » est réjouissant, diversifié et donc jamais ennuyeux. A quand le prochain ?