Après un premier album éponyme très prometteur, les écossais de Strangeways reviennent aux affaires avec l’arrivée de Terry Brock au chant. Rien de surprenant dans ce remaniement de personnel, étant donné que le vocaliste américain était déjà pressenti pour le précédent opus, mais n’avait pu se libérer dans des délais raisonnables, obligeant le combo à recruter Tony Liddell. Cependant, l’écossais est têtu et les frères Stewart n’abandonnaient pas l’idée de récupérer le chanteur US pour la suite de leur carrière. C’est donc chose faite pour ce « Native Sons », alors qu’après avoir fait appel au légendaire Kevin Olson sur le précédent album, le quatuor confie la production de son nouveau bébé à John Punter connu pour son travail avec Roxy Music et Slade.
Ces changements de personnel ne sont pas sans conséquence sur le son de Strangeways. Ainsi, le producteur britannique dote cet album d’un son à la fois clair, chaud et adapté à chaque composition. Quant à Terry Brock, il possède une voix souvent proche de celle de Steve Perry, ce qui va entraîner de nombreuses comparaisons avec Journey. Les deux groupes oeuvrant dans un style proche, cette parenté sera à la fois un gage de qualité, mais également un handicap, les accusations de clonage n’étant jamais bien loin. Pourtant, si certaines similitudes ne peuvent être niées, Strangeways fait preuve d’une identité propre et mérite autre chose que cette approche par trop réductrice.
Il est clair que des titres tels que le mid-tempo « Only A Fool », la ballade « So Far Away » ou le plus FM « Empty Street » n’aurait pas dépareillé au sein de l’œuvre du géant US, mais elles sont cependant d’une qualité indéniable. Par contre, des titres plus musclés comme « Dance With Somebody » et « Stand Up And Shout » sont doté de refrains catchy et de riffs entraînants et hyper efficaces et laissent toute sa place à une section rythmique des plus dynamiques. Le quatuor sait également faire la part belle à l’émotion avec quelques ballades aériennes (« Goodnight L.A. ») ou hypnotisantes (« Never Gonna Loose It »). Terry Brock interprète ces chansons avec une sensibilité à la fois communicative et parfaitement maîtrisée. Quant à Ian Stewart, il se place au niveau de références du genre comme Neal Schon (Journey), Mick Jones (Foreigner) ou Frankie Sullivan (Survivor).
Strangeways se positionne donc comme le digne représentant de l’Aor en Europe et ne souffre pas de la comparaison avec les leaders américains du genre. Les espoirs nés du précédent album sont ainsi confirmés. Reste à savoir si le combo américano-écossais saura se maintenir à ce niveau, et si le paysage musical lui accordera la reconnaissance qu’il prouve mériter dès à présent.
Nous regretterons cependant le nouveau faux pas réalisé par Majestic Records au sujet des bonus proposés sur sa réédition. En effet, les 4 titres live présentés sont encore dotés d’un son lamentable qui ne rend pas justice aux prestations réalisées par Brock et sa bande. Dommage, mais pas rédhibitoire !