Originellement formé en 1994 sous le nom de Celestial Agony, c’est seulement en 2001 que le premier album d’Arthemesia, « Devs – Iratvs » voit le jour, faisant suite à deux démos enregistrées elles aussi sous leur nom actuel. Alors sous forme de quintette, le groupe d’Helsinki s’oriente déjà vers un Black Metal très mélodique empreint de spiritualité, les thèmes abordés tirant leurs sources dans le chamanisme et autres vastes thèmes, tel le cosmos. Car oui, et quitte à faire s’effondrer les clichés des détracteurs d’un genre musical tel que le black metal, la philosophie de celui-ci n’est pas invariablement le thème anti-chrétien, si facilement tourné en dérision. Il aura fallu 8 ans et la sortie de ce nouvel album « a.O.a. » pour voir les Finlandais à présent réduits à un trio revenir sur le devant de la scène, malgré une démo et un EP sorti entre temps.
Cela ne fait aucun doute, ArthemesiA aime planter le décor avant de rentrer dans le vif du sujet. Et il y met tellement du cœur qu’il n’hésite pas à en devenir maniaque, quitte à le polir lentement et bien soigneusement ce décor, à en croire les trois minutes « ambiant » d’entrée en matière qui constituent entièrement la plage initiatique « Of The Owls, Of The Wolves And Of The Nature », à laquelle succèderont les trois autres minutes d’intro de « Dalkoinen Susi ». Le reste du morceau sera révélateur des trois morceaux à venir, sans trop de surprise mais constamment inspiré et sans longueur, à savoir un Black Metal contemplatif mélodique plutôt entraînant aux vocaux répondant aux codes du genre, dont un fameux « Ouh » digne d’un Celtic Frost.
Des horizons plus sombres investissent « Patheme » dans laquelle le groupe n’hésite pas à utiliser les chœurs et un clavier plus présent. Le titre éponyme verra quant à lui une apparition soutenue du chant clair, et les structures traditionnelles cèderont à une atmosphère quasi intimiste dans la partie centrale de « The Noble Elements », aux vocaux parfois narratifs. La grosse surprise arrive pour le final. En effet si « Eiber Omega » débute sur l’épisode le plus violent de l’album sachant que le rythme n'avait pas encore atteint le blast jusqu’à présent et que les vocaux n’avaient quant à eux jamais laissé poindre autant de vindicte, c’est quand revient le calme, tout aussi rapidement arrivé que la violence n’était apparue, qu’un saxo bluesy vient se poser là. Surprenant et de mémoire une première en Black Metal ! Rapidement toutefois les guitares et les voix reprennent alors le pouvoir pour s’évanouir en « fade », chassées petit à petit par une ambiance bruitiste d’apocalypse assez effrayante.
Très beau retour pour ArthemesiA qui signe là un travail inspiré et intelligent. L’ensemble sonne juste, fluide, parfois subtil. Composer un album de Black mélodique, style où beaucoup a déjà été dit ne relève pas d’une mince affaire, mais le groupe s’en sort mieux que haut la main, ne lasse jamais son auditeur et parvient même à le surprendre sans que la justesse ne puisse jamais être remise en cause. Adroit, pertinent et minutieux.